Présentation de Dimitri Bouamar et introduction de sa carrière
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Speaker
Hello à tous et bienvenue dans ce septième épisode de l'éclaireur. Je reçois Dimitri Bouamar.
Transition de BNP Paribas à Ven Capital
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Speaker
Dimitri a commencé chez BNP Paribas, Rothschild puis Groupama Asset Management comme analyste et sélectionneur de fonds et de gérants avant de donner une orientation plus entrepreneuriale à sa carrière.
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En 2019, il lance Ven Capital, la société de gestion qu'il a cofondée et dirige avec son associé Pierrick Corbell. Ces domaines de prédilection sont notamment la sélection de gérants, la classe d'actifaction et la finance comportementale.
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Speaker
Ven Capital propose d'une manière unique et efficiente d'investir en action, en Europe et aux Etats-Unis, qui s'appuie sur l'intelligence collective de gérants d'exception.
Focus sur la finance comportementale
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Speaker
Aujourd'hui, on évoque avec Dimitri un domaine qui a vu le couronnement de plusieurs prix Nobel, la finance comportementale.
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En d'autres termes, les billets que nous rencontrons inévitablement lorsque nous investissons, comment ces billets peuvent pénaliser nos performances et surtout, quelles solutions existent pour en tirer profit, en particulier au sein de la gestion actions. Hello Dimitri, ravi de te recevoir dans le podcast de l'éclaireur, comment vas-tu ? Bonjour Amine, merci de me recevoir, tout va bien et toi ?
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Écoute, tout va bien. Je suis content de faire cet épisode avec toi. On va creuser des sujets qui sont assez nouveaux et très intéressants. Tu sais qu'on a deux traditions sur nos épisodes. D'abord, on finira par la partie 100 € une allocation où tu vas nous dévoiler ton portefeuille pour faire bénéficier à nos auditeurs d'idées d'investissement en provenance d'Expert. On commence toujours par découvrir qui se cache derrière l'Expert. Est-ce que tu peux partager avec nous un fait marquant de ta carrière ou un fait marquant lié à des événements économiques ou de marché?
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Oui, avec plaisir. Comme tu le sais, j'ai débuté ma carrière en 2003 chez BNP Paribas, où j'ai essentiellement fait de la sélection de fonds FixingCom, donc des fonds obligataires et des fonds de performance absolus, qui étaient tous gérés avec une approche très top-down, très macro. Pour autant, j'avais une formation académique qui me destinait probablement plus à l'univers actions, et j'ai eu la chance de rejoindre Rochie des compagnies de gestion en 2008 pour couvrir les fonds d'action américaines.
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Si j'étais assez bien armé pour comprendre cette classe d'actifs, je n'étais jamais prêté à un exercice pratique empirique. J'avais assez peu de connaissances empiriques de la classe d'actifs. Pour me familiariser avec la classe d'actifs, j'ai opéré un screening de très long terme pour voir quels étaient les gérants qui arrivaient à se démarquer.
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et j'étais frappé de voir à quel point tous les gérants qui arrivaient en tête des classements partageaient une même philosophie d'investissement, en particulier une philosophie d'investissement très fondamentale des gérants des pures bottom-up stock pickers qui avaient une approche d'investissement très lointaine. Et ce constat empirique a fait écho avec un papier que je vais plus lire quelques années plus tôt, un papier écrit par Kremers et Petaristo sur la notion d'active share. Dans ce papier, les auteurs mentionnaient que les gérants fondamentaux, les gérants actifs fondamentaux avec cette approche bottom-up,
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capable de s'écarter des indices de référence, donc à très fort tactique cher, avait une propension plus importante à surperformer les indices de référence et ça a été une vraie révélation en fait, ces deux phénomènes, ces deux constats et du coup j'ai plus jamais en fait quitté l'univers de la gestion parlementaire. Il y a peut-être un deuxième fait marquant que j'ai envie de mentionner, c'est la découverte du livre de Daniel Kaneman en 2011. Pour ceux qui ne connaissent pas Daniel Kaneman, c'est un psychologue mais qui a
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Speaker
remporter le prix Nobel de l'économie en 2002, Daniel Kahneman a apporté un vrai bouleversement en sciences économiques à Vincent puisqu'il a introduit des notions, des aspects de psychologie au sein des sciences économiques et il a vraiment bousculé la pensée commune en démontrant que finalement on n'est pas aussi rationnel que ce qu'on a l'habitude d'apprendre à l'école, que finalement l'homo economicus n'existe pas.
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Speaker
Et ça, ça a vraiment été aussi un fait marquant puisque je me suis intéressé à cette notion de finance comportementale, de psychologie au sein des sciences économiques, ce qui aura par la suite donné la naissance à Ven capital. Ok, excellent. C'est passionnant les deux éléments. Le premier que tu évoquais, d'avoir trouvé un peu un dénominateur commun.
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Speaker
sur des gérants qui sont capables de surperformer leur univers de référence. C'est vrai qu'habituellement on regarde beaucoup la notion de déviation pure par rapport aux indices de marché, aux benchmarks avec la tracking error, mais là tu mentionnais que c'était plutôt l'active share qui pouvait être un guide. Et puis deuxième point qui me conduit à ma seconde question, plutôt sur les croyances,
Importance de l'investissement à long terme
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les biais psychologiques, l'efficience des marchés. Est-ce que justement il y a une croyance sur la finance ou l'épargne en général que tu souhaiterais démystifier ?
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Speaker
Oui alors j'ai pas une croyance en particulier mais quelques convictions fortes qui sont finalement assez étroitement liées. Pour moi l'investissement en action c'est finalement devenir propriétaire d'une entreprise. On sera amené à investir sur un titre lorsqu'on constate une décote entre le cours boursier et la valeur intrinsèque qu'on peut estimer de l'entreprise.
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Speaker
On sait que cette approche pense qu'elle te parle beaucoup et tu sais que cette décote en fait elle prend souvent beaucoup de temps à se résorber et donc le corollaire c'est qu'il faut être patient, il faut s'investir sur le très long terme. Je crois assez peu au trading, je crois que le market timing, et ça c'est peut-être ma deuxième conviction, le market timing est impossible, en tout cas il est très compliqué et je pense aussi qu'il est assez peu pérenne dans le temps.
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Speaker
J'aime bien la citation de Peter Lynch, qui était le gérant du fonds Fidelity Magellan, qui a un track record vraiment exceptionnel. Je crois qu'il a fait une performance annualisée de 29% sur plusieurs décennies. Peter Lynch disait, il y a plus d'argent qui a été perdu en bourse en essayant d'éviter les corrections que pendant les corrections elles-mêmes. Ça illustre bien le propos de se dire que généralement, ce qui est important quand on investit en bourse, c'est l'horizon d'investissement et c'est le temps qu'on reste investi. C'est ce qu'on appelle le time in the market et pas le timing de marché.
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Speaker
C'est vraiment ma deuxième conviction. Et la troisième conviction, c'est qu'il faut être très humble. On sait que Monsieur Marché est très difficile à abattre. Il faut faire preuve de beaucoup d'humilité. On sait qu'on ne peut pas tout prévoir. Et on sait aussi qu'on fait beaucoup d'erreurs de jugement parce que, comme Daniel Kamann l'a mentionné dans son livre, on n'est pas du tout des êtres rationnels. Mais ça, je pense qu'on va en parler plus longuement tout à l'heure. En résumé, je dirais que pour être investisseur, être un bon investisseur, il faut être humble, il faut faire preuve d'humilité, être très patient et investir pour le long terme.
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Speaker
Ok, excellent, je te remercie Dimitri. C'est vrai que sur ton premier point, qui était justement le temps investi dans le marché, cette notion de temps long et de patience, c'est un consensus absolu sur le podcast. On est au septième épisode et pour le moment, tous les experts qui sont intervenus,
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Speaker
Parmi eux, aucun d'entre eux n'a mentionné ces notions de gestion très conjoncturelle, tactique ou de market timing. Et lorsque ça a été mentionné, il a été évoqué que ça pouvait être justement un moteur de performance qui en détruit beaucoup. Mais ce qui est nouveau dans ton approche, c'est qu'on évoque justement avec toi deux sujets essentiels en matière d'investissement. C'est d'abord les biais psychologiques et comportementaux que tu as évoqués et puis ensuite,
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Speaker
On va parler avec toi d'intelligence collective. Mais pour commencer, je donnais quoi à ce que tu viens de dire ? T'indiquais qu'on peut faire des erreurs de jugement et qu'on n'est pas forcément naturellement constitué pour être rationnel en matière d'investissement.
Rationalité économique traditionnelle vs finance comportementale
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Speaker
Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?
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Speaker
Tout le monde économique et le monde de la finance repose sur une hypothèse très très forte de rationalité des agents économiques. Quand on est étudiant en économie, on apprend que les individus et les agents économiques sont des êtres rationnels qui cherchent à maximiser l'utilité, ce qu'on appelle l'homo economicus. Or depuis quelques décennies maintenant, il y a une nouvelle branche de recherche qui s'appelle la finance comportementale, qui est loin d'être anecdotique. Il y a quatre prix Nobel qui auraient été gagnés au sein de cette
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Speaker
Cette finance comportementale, notamment d'Annel Kahneman dont on a parlé, elle démontre que l'hypothèse de rationalité permanente n'est pas si valide que ça, que l'homo economicus n'existe pas. Si je reprends le livre de Daniel Kahneman qui a été publié en 2011, qui s'appelle System 1, System 2 en français et Fast and Slow en anglais, dans ce livre, Daniel Kahneman explique les concepts de raccourci mentaux, de biais, de heuristiques,
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Speaker
Et qu'est-ce que tout ça veut dire ? Parce que parfois en fait on prend des décisions qui sont pas rationnelles parce qu'on les prend sous le coup d'émotion. Parfois le volume d'informations à traiter est très important et notre cerveau n'est pas en mesure de tout traiter et donc on va prendre des raccourcimentos. Globalement en fait on est soumis à des biais qui vont inconsciemment altérer nos jugements et on est amené à prendre des décisions qui sont non rationnelles, parfois même absurdes.
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Speaker
Ok, bah écoute, là ça m'intrigue beaucoup parce que déjà tu précisais qu'il y a quatre prix Nobel au sein de cette matière, donc je pense que ce serait dommage de s'en priver. Et puis surtout, ce qui peut à mon avis aider nos auditeurs, c'est de voir avec toi quels sont des exemples de biais, quels sont les biais les plus marquants, les plus récurrents qu'on aperçoit.
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Speaker
Il y a beaucoup de biais qui existent. Il y a un codex des biais qui a été publié. Ce codex recense plusieurs centaines de biais. Donc l'idée ici n'est pas de citer l'ensemble de ces biais et de faire un inventaire à la prévère, mais comme tu mentionnais, peut-être de souligner quelques biais qui ont une influence assez forte dans le secteur d'activité. Influence qui est souvent les postes d'ailleurs.
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Speaker
Le premier biais qui me vient à l'esprit, c'est le biais de première impression, qui va faire que notre jugement va être très fortement influencé par la première information reçue. On connaît tous ce biais. Dans le recrutement notamment, on a souvent cette fâcheuse tendance à juger un candidat sur la première impression. On pourrait penser que dans le secteur de la finance, on arrive à s'extraire de ce biais parce que finalement, un analyste financier, si je prends cet exemple-là, il est censé travailler sur des éléments objectifs, sur des données financières, des éléments factuels.
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Speaker
Mais pourtant, il y a une étude publiée récemment qui est assez intéressante dans laquelle on apprend que les recommandations des analystes sont très fortement influencées par l'évolution du cours de bourse des 12 mois précédents l'initiation de la recommandation. Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer et ce qu'on attend normalement d'un analyste financier, on voit que le
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Speaker
La recommandation n'est pas si rationnelle que ça parce qu'elle est très dépendante du constat des 12 mois boursiers précédents. Donc là on voit que les analystes sont biaisés dans leur approche et dans leurs recommandations. Il y a une autre typologie de biais qui peut être nuisible, c'est le biais de confirmation.
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Speaker
Le biais de confirmation, il va amener l'individu à chercher des informations qui vont avoir tendance à corroborer son jugement plutôt que de chercher des informations qui viendraient infirmer ou en tout cas challenger son premier jugement. Et là c'est très négatif parce qu'une fois qu'on s'est fait un jugement, une opinion va avoir beaucoup de mal à s'en défaire. Et si on prend l'exemple de la gestion de portefeuille,
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Speaker
et bien on aura du mal à appréhender les changements qu'une entreprise peut être en train de connaître et donc on aura du mal à avoir un regard objectif sur ces changements. Là aussi on comprend facilement que ça peut détruire de la performance. Si on va plus loin en fait, et là on va rentrer un peu dans la théorie, il y a un effet qui est très très négatif qui s'appelle l'effet de disposition. L'effet de disposition qu
Effet de disposition et impact du bruit
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Speaker
'est-ce que c'est ? Ça nous amène en fait à vendre trop tôt les titres gagnants et à conserver les titres perdants.
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Speaker
Ce phénomène s'explique par ce qu'on appelle la théorie des perspectives. Qu'est-ce que c'est cette théorie des perspectives ? Ça nous montre qu'on n'a pas la même sensibilité aux gains qu'aux pertes. En fait, on est tous porteurs d'une certaine aversion aux pertes. Autrement dit, on va préférer ne pas prendre de risque, conserver ou pour obtenir un gain.
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Speaker
Alors qu'à l'inverse, on va être joueur, on va être preneur de risque pour éviter une perte. Typiquement, quand on a des titres en plus valu au sein d'un portefeuille, on sera enclin à prendre les profits pour ne pas mettre en risque en fait ce profit. À l'inverse, on aura sur les titres perdant, on aura envie de moyener à la baisse pour se refaire ou à minimale et conserver en espérant un retour à meilleure fortune. Et cette notion s'explique aussi par ce qu'on appelle l'aversion au regret qui est une autre sorte de biais
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Speaker
qui va faire qu'on ait tellement tort qu'un titre rebondisse après la vente qu'on va conserver en portefeuille des titres qui peuvent être parfois amenés à être des value traps ou des titres qui n'ont aucun potentiel de rebond et on sait que dans la gestion de portefeuille, y compris chez les gérants expérimentés, la conservation de value traps en portefeuille peut être très nuisible.
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Speaker
Il y a d'autres typologies de biais qui vont être tout ce qu'on appelle les heuristiques d'affects, qui vont faire qu'on achète un titre parce qu'on a un affect particulier pour le management de la société par exemple, ou encore pour le produit que la société fabrique. Il y a d'autres éléments aussi qui vont montrer qu'on a toujours tendance à acheter plus facilement un titre sur lequel on a gagné de l'argent historiquement. À l'inverse, on aura une forme de réticence d'acheter des titres sur lesquels on a enregistré des mots à value par le passé.
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Speaker
Donc comme tu vois, il y a beaucoup beaucoup de biais, c'est en général très nuisible et très néfaste à la gestion. Il y a une autre notion qui est beaucoup plus récente dont j'aimerais parler aussi, qui est la notion de bruit. Cette notion a été mise en avant dans un bouquin qui s'appelle Noise, qui a été écrit par Daniel Kahneman aux côtés d'Olivier Sibony et Cass Sustaine, qui sont deux auteurs reconnus dans le domaine de la prise de décision.
00:13:32
Speaker
C'est aussi intéressant parce qu'on apprend par cette notion de bruit qu'au-delà des biais dont on a pu parler, nos jugements connaissent une forme de variabilité. C'est-à-dire qu'en fonction du moment et du contexte où on prend cette décision, on va émettre des décisions qui ne sont pas toujours constantes. Par exemple, il y a des études qui montrent que dans le domaine de la justice, les juges sont plus clément après le déjeuner qu'avant le déjeuner.
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Speaker
dans le domaine médical où on pense que les décisions sont 100% rationnelles, on s'aperçoit qu'en fait les médecins vont prescrire davantage d'antidouleurs et moins d'examens cliniques en fin de journée qu'en début de journée. Là peut-être un petit conseil aux éditeurs, si on doit prendre un rendez-vous chez le médecin, mieux vous prendre un rendez-vous tout le matin.
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Speaker
Ok, excellent. Déjà, je tiens à te remercier pour cette masterclass sur les biais comportementaux et psychologiques parce que c'est vraiment passionnant. J'invite ceux qui écoutent l'épisode à se documenter sur ces éléments-là parce que, comme tu l'indiquais, ces éléments peuvent être vraiment décisifs en matière d'investissement. Et d'ailleurs, même plus largement, tu as pris des exemples aussi de la vie courante, ce qui est très intéressant.
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Speaker
C'est aussi une idée qui est ressortie à de nombreuses reprises sur le podcast, c'est que finalement, les marchés, c'est une école d'humilité, tu l'as dit, et c'est aussi une école de vie parce qu'on retrouve pas mal de processus décisionnels et de biais qu'il faut d'ailleurs immuniser dans l'investissement comme dans la vie courante finalement. Et justement, ce que je voulais te demander à partir de ce moment-là, c'est que tu décrivais à quel point
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Speaker
on peut être exposé à ces biais dans notre processus décisionnel. Tu as aussi mentionné par exemple Peter Lynch qui a eu une performance sur très longue durée qui était excellente dans un marché qui est dur à battre et d'ailleurs chez Ven Capital aussi vous avez démontré qu'on peut utiliser cette connaissance autour des biais de l'intelligence collective pour générer des bons résultats et donc en gros ce que je voulais te demander c'est comment on fait pour ne pas être faillible dans ce processus d'investissement.
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Speaker
Il y a plusieurs techniques de debiaising qu'on peut s'appliquer au quotidien. En revanche, on sait que c'est assez fragile puisqu'on a toujours du mal à...
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Speaker
appréhender les biais dont on est porteur, c'est toujours plus facile de détecter les biais chez les autres individus que chez soi. Il y a une technique qui est assez infaillible, la technique de l'intelligence collective ou le concept d'intelligence collective. En fait, on sait qu'en tant qu'être humain, nous sommes tous différents et on est tous porteur de biais différents et surtout ces biais ne vont pas forcément s'exprimer au même moment. Et donc une façon finalement très très simple de réduire les biais et le bruit,
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Speaker
être d'agréger des jugements qui émanent d'individus ayant des sensibilités différentes et qui sont indépendants les uns des autres et d'extraire la moyenne de ces jugements ou la médiane de ces jugements pour obtenir un jugement collectif.
Intelligence collective dans les décisions d'investissement
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Speaker
C'est ce qu'on appelle de l'intelligence collective. L'idée est de se dire que lorsqu'on interroge des individus
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Speaker
qui ont des profils très variés, le savoir, l'intelligence de ces individus va avoir tendance à se cumuler, alors que les biais des uns et des autres vont avoir tendance à se compenser. Et comme tu le mentionnais, c'est effectivement ce concept qu'on exploite chez Ven Capital. Alors justement, une fois que tu as un petit appui sur cette intelligence collective, comme tu viens de l'indiquer, est-ce que tu peux nous expliquer quels vont être les grands piliers, les grands blocs
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Speaker
qui vont constituer votre offre et surtout même, précisément, votre stratégie d'investissement qui est, on est d'accord, bien uniquement sur les actions aujourd'hui. Oui, tout à fait. On développe uniquement des stratégies actions. On a créé Event Capital autour de cette notion d'intelligence collective. On a développé des stratégies actions qui, à la fois, capitalisent sur le bon sens de la gestion fondamentale. On est vraiment, mon associé Pierre Corbell et moi, convaincus de cette approche.
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Speaker
Mais on sait aussi que la gestion fondamentale présente des biais qui lui sont inhérents, à parler beaucoup des biais de comportement mais également les biais de style qui on pense peuvent être parfois des sculpteurs de valeurs et donc on a cherché à développer des stratégies qui permettaient de capitaliser sur cette gestion fondamentale tout en gommant les biais, les biais de style et les biais de comportement au travers de l'intelligence collective.
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Speaker
Comment est-ce qu'on opère ? En fait, nos stratégies ont pour objectif d'investir sur des titres qui sont validés par plusieurs experts, plus précisément sur les plus fortes convictions communes d'un panel de gérants d'exception. Pour ça, en fait, on a créé un algorithme propriétaire qui récupère les données publiques d'inventaires de portefeuille et qui va analyser les titres. L'idée sous-jacente, en fait, c'est de se dire que lorsqu'un bon gérant valide un cas d'investissement, c'est un signal puissant, mais néanmoins apporteur d'une forme de subjectivité liée au biais dont on vient de parler.
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Speaker
Alors que si plusieurs très bons gérants indépendants diversifient en termes de style, en termes d'approche, valident le même cas d'investissement, et bien on peut supposer que les raisons objectives à cela vont se cumuler alors que la part de subjectivité, les biais comme la sympathie pour le management, l'affect produit dont on a parlé, le track record sur la valeur, ces éléments de subjectivité vont être gommés. Et donc finalement l'idée est de se dire qu'une stratégie qui repose sur des titres validés par plusieurs experts indépendants sera plus robuste qu'une stratégie qui s'appuie sur un seul homme.
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Speaker
Alors, comment est-ce qu'on opère en pratique ? La première étape du processus, en fait, ça va être la constitution du panel. C'est vraiment l'étape la plus importante. On va être à la recherche du gérant fondamentaux qui investissent sur la zone qui nous intéresse. Donc, à titre d'exemple, pour la stratégie d'action européenne qu'on a développée, on a retenu 27 gérants.
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Speaker
Ces gérants doivent répondre à des caractéristiques très strictes. On cherche des gérants fondamentaux, de conviction, dans des actes chers très très élevés, mais qui doivent être aussi diversifiés en termes de scier. Et ça c'est un élément très très important parce que par exemple, si le panel est mal diversifié, on risque de tomber dans un certain conformisme. De la même façon, si ce sont des gérants qui ne sont pas très singuliers par rapport aux indices de référence, on a un risque de paniurgisme, on a un risque de retomber trop aux grands indices de référence.
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Speaker
Une fois que ce panel de gérant est constitué, notre algorithme propriétaire va récupérer des données publiques garantaires de portefeuille. Il va analyser les titres afin d'identifier les convictions fortes qui remportent le plus de suffrages au sein du panel.
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Speaker
On procède au travers de rebalancement trimestriel pour retenir en fait les 30 titres qui sont les mieux notés et qu'on se fasse ainsi le portefeuille. Le rebalancement est complètement systématique et il apporte lui aussi beaucoup de discipline et permet de s'extraire de certains biais comme les biais d'affect ou la version en regret puisqu'on agite complètement de façon dépassionnée, sans émotion. La stratégie vise à capitaliser, à extraire l'intelligence collective en en listant sur 30 titres.
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Speaker
On a l'habitude de dire qu'en fait ce sont une forme d'indice de conviction de gérant. On peut considérer comme une troisième voie entre la gestion active et la gestion passive. Et cette troisième voie, on dit qu'elle est fondamentale dans cette philosophie puisqu'on s'appuie sur des gérants qui sont très fondamentaux. Mais elle est complètement quantitative et systématique dans sa mise en oeuvre, ce qui lui permet de s'extraire des biais dont on a pu parler tout à l'heure.
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Speaker
Alors justement maintenant vous avez un peu de recul parce qu'évidemment tu as indiqué que suite à des lectures et une expérience professionnelle en tant que sélectionneur, tu avais commencé à monter avec ton associé cette philosophie. Ensuite en 2019 vous mettez en place les produits chez Ven et donc vous avez ces indices basés sur l'intelligence collective de stock pickers et de gérants d'exception.
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Speaker
avec leurs convictions communes les plus fortes qui sont représentées dans le portefeuille, comme tu viens très bien de le décrire. Et donc, avec ce recul, aujourd'hui, comment ça a fonctionné au sein des produits ? Comme tu le mentionnais, on a lancé deux fonds en partenariat avec Fédérales Finances et Gécions en 2019. On commence à avoir peu de recul, en plus dans des configurations de marché qui auraient pu être challenging, et c'est le moins qu'on puisse dire.
Performance et stratégie à long terme de Ven Capital
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Speaker
La grande satisfaction, c'est que ces stratégies fonctionnent assez bien. Si on prend, pour exemple, les deux fonds qu'on a lancés, un sur les actions européennes, l'autre sur les actions américaines, les deux fonds sont très très bien classés au sein de leur catégorie respective. Je donnerai une mention particulière pour le fonds d'action européenne qui se classe parmi les tout meilleurs fonds de sa catégorie avec une surperformance qui dépasse des 300 BP par an.
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Speaker
Donc vraiment une grande satisfaction au regard aux résultats que la stratégie procure.
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Speaker
Ça me donne envie de maintenant conclure avec la partie 100 € une allocation. Avant de se quitter, on a toujours cette tradition pour écouter ce qui serait ton allocation personnelle de long terme. Disons que tu as une épargne excédentaire, tu n'as pas besoin de cette trésorerie et que tu as un horizon d'investissement long 10 à 15 ans. Je précise évidemment que c'est une piste de réflexion et que ce n'est pas un conseil d'investissement et que tu as vraiment comme tout particulier
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Speaker
qui souhaitent investir au sein d'une assurance vie, un compte-titre ou d'autres véhicules, les classes d'actifs traditionnelles, donc les taux garantis comme le livret A, le fonds euro ou les comptes rémunérés, l'immobilier en direct ou en pire papier, obligations, actions évidemment, ça ça va beaucoup de parler et puis même les actifs côtés. Avec une petite précision aussi, tu n'as pas le droit de mettre 100%
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Speaker
des indices de gestion VEN dans ton portefeuille. Comment tu structures ce portefeuille pour tes 15 prochaines années ? D'accord. Alors si je n'ai pas le droit de mettre 100% dans les indices VEN, je vais dire une réponse plus exhaustive. Comme je le disais, je crois vraiment à l'univers action parce qu'on est investi en entreprise et je crois que ça crée la valeur sur le long terme. Et en plus, tu me donnes un cadre très long terme, donc ça va être assez facile pour moi de répondre.
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Speaker
Je crois beaucoup à l'action, qu'elle soit côté ou non côté, mais j'aime aussi beaucoup la liquidité des actifs côtés. Je mettrai 80% de mon patrimoine sur des stratégies actions côté, VEN si possible. Pour faire très simple, je mettrai 40% d'actions européennes au travers des stratégies VEN, 40% d'actions américaines également au travers des stratégies VEN.
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Speaker
et je mettrai 20% de non-côté au travers de stratégies de LBO par exemple qui créent beaucoup de valeur sur le long terme. Même si les taux ont un rapport orienté, je pense que c'est une classe d'actif qui peut apporter une vraie diversification et une vraie source de rendement au prix d'une moindre liquidité mais qui est compensée en général par l'excès de rendement que ça peut procurer.
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Speaker
Ok, donc portefeuille 100% equity. Tu voulais apporter un élément complémentaire Dimitri peut-être sur le portefeuille ? Je voulais faire un résumé, mais tu le fais très bien, 100% equity effectivement. Exactement, ce n'est pas la première fois que ça arrive.
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Speaker
Et néanmoins, ce qui est intéressant dans ton portefeuille, c'est qu'à l'instar de certains experts qui sont déjà passés sur des épisodes précédents, on a déjà eu des expositions actions élevées, voire même 100% d'equities, et ton portefeuille est un peu plus granulaire, parce qu'en fait, à travers vos deux indices, tu es diversifié en matière de zone, Europe, US,
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Speaker
Tu vas peut-être avoir largement plus de 50 titres, 60, 70 titres sur deux zones différentes, puis ensuite la stratégie LBO en non-côté qui là va être un peu différente, des sociétés peut-être moins matures, avec plus de potentiel de croissance, aussi un peu plus de risques, mais l'effet de levier en plus.
00:25:07
Speaker
Très très intéressant. Écoute, je tiens à te remercier pour cet épisode qui était vraiment très riche sur tous les aspects que tu as évoqués. Et puis j'en profite un pour te saluer et deux pour souhaiter d'excellentes fêtes de fin d'année à ceux qui nous écoutent puisque ce sera le dernier épisode de 2023 pour les Claireurs. Merci Amine, c'est toujours un plaisir d'échanger avec toi et passe de bonnes fêtes et bonnes fêtes à tous. Merci Dimitri, à très vite. À bientôt, au revoir.
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Speaker
Allez, on se retrouve pour notre traditionnel recap. Quels sont les points marquants de cet échange avec Dimitri ? En premier lieu, revenons sur la notion d'active share que Dimitri a évoqué en préambule, indiquant qu'une active share élevée est un dénominateur commun des gérants actions qui surperforme leurs indices et leurs confrères dans la durée. Il faut savoir qu'il existe un univers large d'indicateurs quantitatifs qui vont permettre aux professionnels de la sélection de gérants
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Speaker
d'évaluer les fonds et de les comparer entre eux. On parle notamment de bêta, de corrélation ou encore de ratios de sortinaux, de calmar et d'informations. Ces ratios vous aident à comprendre comment un fonds a réagi dans tel ou tel environnement de marché, à quel prix niveau de risque se génère la performance ou encore quel est le niveau de surperformance qui provient réellement de la patte du gérant.
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Speaker
Ici, nous avons évoqué deux mesures qui vont être utilisées pour déterminer à quel point un gérant va dévier de son indice de référence. Pour un gérant action française du CAC 40 et pour un gérant action américaine du S&P 500 par exemple. Pour faire simple, pourquoi acheter un gérant dont le portefeuille est très proche d'un indice alors que vous pouvez investir sur cet indice directement et pour moins de frais ?
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Speaker
Le premier ratio, c'est donc la tracking error. Cet indicateur mesure le risque qu'ont les performances du portefeuille de s'éloigner de celle de son indice de référence. Pour ce faire, on va prendre la différence entre les performances du portefeuille et celle de son indice de référence et en mesurer la volatilité. Cette différence est-elle donc plutôt stable et d'ampleur mesurée, ou bien erratique et d'ampleur importante ?
00:27:16
Speaker
Le second ratio, c'est l'active share dont le calcul consiste à faire la somme des différences absolues entre les pondérations des sociétés détenues par le portefeuille et les pondérations des valeurs présentes dans son indice de référence. Retenons simplement qu'un portefeuille affichant un score d'active share de 100% n'a donc aucune position commune avec son indice de référence.
00:27:39
Speaker
Vous l'aurez compris la tracking error c'est une déviation empirique et statistique par rapport à l'indice de référence et l'active share c'est tout simplement une différence de composition de structure entre le portefeuille et son indice mais très clairement dans les deux cas si ces ratios sont élevés c'est que le degré de gestion active du gérant est important. Je reviens aux échanges avec Dimitri
00:28:02
Speaker
Et le premier point qui a retenu mon attention, et qui est d'ailleurs un élément récurrent de la part des invités sur l'éclaireur, c'est que Dimitri a insisté sur la portée long terme et fondamentale de l'investissement, soulignant qu'une action n'est pas un titre virtuel à vocation spéculative, mais bien une part de propriété d'une société détenue pour son potentiel de croissance au long cours.
00:28:25
Speaker
Le point central de nos échanges c'est bien évidemment l'apport de la finance comportementale qui décrit les biais de jugement et d'investissement auxquels nous sommes exposés et qui conduisent à des prises de décision sous-optimales. On comprend d'ailleurs mieux pourquoi les clients et les familles les plus fortunées
00:28:41
Speaker
on recourt à la délégation de gestion et s'entoure d'équipes spécialisées en investissement. C'est un moyen de limiter les effets liés aux biais émotionnels notamment. D'ailleurs dans l'épisode numéro 3 dédié à l'épargne salariale, Bruno avait évoqué dans sa partie 100€ une allocation, que son portefeuille comprendrait une partie gérant direct par lui-même et l'autre confiant à un professionnel. L'autre information intéressante, c'est l'existence d'un codex qui recense la totalité des biais.
00:29:11
Speaker
C'est une mine d'information et je vous recommande d'y jeter un coup d'œil. Cela est en effet toujours un exercice intéressant qui vous permet de voir à quel biais vous êtes le plus exposé et prendre les mesures correctives. Un chaînon majeur de l'exposé de Dimitri est qu'une solution consiste à s'appuyer sur l'intelligence collective.
00:29:31
Speaker
Chez Ven Capital, cela se traduit par des portefeuilles actions, composé des convictions les plus fortes et les plus communes parmi des gérants d'exception à travers le monde. Cette approche permet donc d'agréger les savoir-faire de ces experts et de lisser les biais dont chaque gérant est porteur.
00:29:48
Speaker
Je vous laisse enfin sur une réflexion qui concerne la partie 100 euros inallocations. On le voit épisode après épisode à l'instar du portefeuille de Dimitri. Composé à 80% d'actions cotées et 20% de private equity d'actions non cotées, on retrouve un corpus d'investissement très actions très equity chez les experts avec une faveur évidente pour des allocations dynamiques et ce compte tenu de l'horizon d'investissement qui est assez long dont il dispose.
00:30:17
Speaker
On fera d'ailleurs un épisode dédié aux différentes réponses sur ces portefeuilles, 100€ une allocation.