Introduction de Lucas Strojny
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Speaker
Hello à tous et bienvenue dans ce sixième épisode de l'éclaireur. Je reçois Lucas Strojny. Lucas a commencé comme responsable de l'allocation d'actifs et de la gestion sous mandat auprès de sociétés de gestion et de famille office. Ses domaines de prédilection sont notamment l'analyse macroéconomique et la sélection de gérants. Chez Mesquert Asset Management, il intervient depuis cinq années sur l'allocation d'actifs et la gestion de solutions d'investissement sur mesure.
Comment intégrer les performances et objectifs de risque des clients ?
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Speaker
Après avoir évoqué dans l'épisode 4 de l'éclaireur l'approche cœur satellite, on évoque aujourd'hui d'autres notions incontournables de la construction de portefeuille, à savoir comment y intégrer les objectifs de performance et de risque des clients, comment bâtir une allocation stratégique, à quoi sert la mise en œuvre de scénarios de marché, et comment faire vivre un portefeuille dans le temps. Hello Lucas, ravi de t'accueillir sur le podcast éclaireur, comment vas-tu ?
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Speaker
Bonjour Amine, écoute, c'est extrêmement bien. Je te remercie de l'invitation. Écoute, c'est un plaisir de t'accueillir en tout cas. Tu sais qu'on a deux traditions sur le podcast. En fin d'épisode, la partie 100€ une allocation où tu vas nous dévoiler un portefeuille d'idées d'investissement. Mais on commence toujours par découvrir qui se cache derrière l'expert. Est-ce que tu peux nous raconter comment tu es tombé dans le secteur de l'investissement et des marchés financiers ?
Le parcours de Lucas dans l'investissement
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Speaker
sûr. Écoute, comme souvent dans la vie, c'est une question de rencontre. Pour tout te dire, en troisième, j'ai fait la connaissance d'un jeune homme qui est devenu mon meilleur ami et dont le père était dirigeant d'une grande cité de gestion française. En fait, ça m'a permis de découvrir un petit peu le monde de l'asset management. Il m'a aussi permis de réaliser mes premiers stages et quelque part d'affirmer mes choix de carrière. Tout a commencé par une rencontre.
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Speaker
Ok, écoute, excellent. Souvent sur le podcast, les gens parlent aussi de ce que tu as toi, évidemment également, mais de passion. C'est la première fois aussi que c'est lié à une rencontre amicale et professionnelle, donc très intéressant. Et je te confirme que tu es le plus jeune à être tombé dans l'investissement dès la troisième.
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Speaker
Est-ce que tu peux aussi partager avec nous un fait marquant de ta carrière, maintenant tu as pas mal d'années d'expérience et donc du recul, ou peut-être même un fait marquant qui est lié soit à ton parcours, soit à un événement économique ou un événement de marché ?
Impact de la crise de 2008 sur la carrière de Lucas
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Speaker
Sans conteste, le fait le plus marquant de ma carrière, ça a été la grande crise financière de 2008. J'ai eu la chance de démarrer ma carrière un peu avant l'éclatement de la bulle de 2008, de la bulle immobilière. Et ça a été quelque part une année de toutes les exubérances. Pour rappel, l'année avait démarré avec la chair Kerviel, qui avait été quelque chose d'assez fou.
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Speaker
qui a connu son paroxysme avec la faillite de Lehmann, qui s'est conclu avec la ferme Madoff. En termes de cours d'apprentissage, sur le plan psychologique de voir comment les gérants autour de moi évoluaient dans cet environnement, que ce soit les gérants avec lesquels je travaillais et puis les gérants
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Speaker
que j'avais l'occasion d'observer par l'activité de multigestion. Ça a permis de voir un petit peu comment les gérants expérimentés finalement sont capables de manoeuvrer dans un état de panique absolue, de crise de liquidité. Et en termes de courbe d'expérience, ça a été extrêmement enrichissant.
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Speaker
L'expérience est quelque chose de clé pour les investisseurs. On peut l'acquérir par la théorie financière, par les lectures, mais vivre ce type de phase de marché, ça a été quelque chose d'essentiel, je pense.
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Speaker
J'imagine que ça joue comme un révélateur et c'est vrai que ça accélère le processus de maturation sur le plan émotionnel et tu exprimais très bien que l'expérience et cette partie aussi, l'approche psychologique est vraiment importante en matière d'investissement. Ça va nous permettre d'aller sur notre thème central du jour.
Personnalisation des portefeuilles chez Mescart Asset Management
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Speaker
avec toi aujourd'hui on va évoquer la construction de portefeuille mais avec un angle un peu particulier vraiment la construction de portefeuille au sens large et on va aller un peu plus loin que d'habitude parce qu'on va évoquer toutes les dimensions qui peuvent entourer justement cette construction de portefeuille peut-être avant de commencer est-ce que tu peux nous présenter en quelques mots ce que vous faites au sein de l'équipe chez MESCART et pour le compte de qui, qui sont vos clients évidemment
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Speaker
Au sein de mes cares, je fais partie de l'équipe de gestion diversifiée. Clairement, nous sommes une équipe d'allocataires d'actifs et nous gérons des portefeuilles qui répondent à différents profils de risque. Une gamme de fonds ouverts avec des produits d'allocations d'actifs qui se présentent plus ou moins de risque ou des enjeux de durabilité plus ou moins importants.
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Speaker
mais également toute une gamme de fonds dits sur mesure que l'on a créé pour répondre aux besoins de clients, que ce soit des family offices, des conseillers en gestion de patrimoine, des institutionnels. Finalement, la typologie de clients peut être assez vaste, mais l'idée, c'est de structurer des produits qui répondent spécifiquement à leurs besoins.
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Speaker
Merci Lucas, c'est limpide et justement tu as indiqué cette notion de personnalisation puisque le client final n'est pas toujours le même, vous avez des véhicules ouverts puis des véhicules sur mesure.
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Speaker
Mais néanmoins, est-ce qu'on peut repartir d'une définition un peu large et, on va dire, commune de la construction de portefeuille ? Qu'est-ce que vous n'entendez
Construire un portefeuille : Une comparaison avec la cuisine
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Speaker
pas ? La construction de portefeuille au sein de l'équipe, quelle serait ta définition ? Je peux te proposer une analogie, pas forcément très originale, mais qui illustre bien ce qu'on cherche à faire et le métier de gérant de portefeuille quelque part. Ça pourrait s'apparenter à de la cuisine, de la cuisine financière.
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Speaker
Mais l'idée pour un gérant, ça va être de préparer un plat, donc son portefeuille, avec des ingrédients qu'il a à sa disposition, donc un ensemble de classes d'actifs qui peuvent provenir de différentes régions du monde, qui peuvent être plus ou moins bons finalement en fonction de la saisonnalité.
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Speaker
avec un certain budget, que ce soit un budget de risque ou des limites de frais qu'il pourrait avoir et tout cela avec des contraintes qui doivent être adaptées finalement au régime du client. Donc l'idée c'est, enfin dans l'absolu, il n'existe pas de portefeuille
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Speaker
de portefeuilles efficientes, de meilleures portefeuilles. L'idée c'est véritablement de construire un portefeuille qui réponde aux besoins spécifiques d'un client.
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Speaker
Et en soit, une fois ces besoins spécifiques définis, le travail peut véritablement commencer. On va avoir des clients qui vont avoir une appétence à l'ESG, aux critères extra-financiers qui peuvent être plus ou moins importants. Comme je le disais, des niveaux de frais qui peuvent être plus ou moins élevés, des coûts indirects.
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Speaker
Tout ces éléments là, la volonté de s'exposer ou non à certaines régions, l'objectif c'est, lorsqu'on commence une discussion avec un partenaire, c'est vraiment de définir d'une part quelle est sa tolérance au risque.
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Speaker
On parle souvent d'objectifs de performance et c'est humain de vouloir commencer en disant très bien, mon client va gagner 5% par an, il va gagner 7% par an. Mais c'est bien quelque chose, malheureusement, que l'on ne peut pas maîtriser en tant que gérant. En revanche, avec les différentes classes actives à notre disposition, on va être en mesure de définir une allocation stratégique capable
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Speaker
capable d'atteindre cette espérance de rendement. En revanche, toute la partie risque, la tolérance au risque, qui peut s'exprimer de bien des façons, c'est quelque chose à définir en amont. Les différentes contraintes que j'ai pu évoquer précédemment aussi doivent être définies en amont parce que ça va définir le cadre général dans lequel on va devoir
Méthodes pour atteindre des objectifs risque-rendement similaires
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Speaker
opérer. Et dans ce cadre, on va essayer de réaliser le meilleur plat possible.
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Speaker
Je sais pas si l'image est originale mais elle est efficace parce que c'est vraiment cette notion de chef cuisinier ou de chef d'orchestre. D'ailleurs je rebondis sur ce que tu viens d'indiquer parce que ça me semble être un point très intéressant qu'on a aussi évoqué tous les deux lors de nos échanges.
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Speaker
du podcast, c'était cette notion de dire que finalement, pour atteindre un objectif de risque et de performance, on peut y aller de différentes manières. Est-ce que tu peux un peu nous éclairer là-dessus, peut-être à travers votre approche ou des exemples précis où finalement, un client qui aurait le même objectif de couple rendement risque, la méthodologie et le chemin pour y arriver ne seraient pas les mêmes ? Écoutez, très clairement, on a une palette d'outils qui est extrêmement large.
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Speaker
On peut investir sur les marchés actions. Au sein des marchés actions, on a différentes zones géographiques qui présentent différents niveaux de risque et différentes espérances de rendement.
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Speaker
Il peut jouer sur les tailles de capitalisation également, sur les marchés obligataires, entre les obligations d'état, l'investment grade, le high yield, les coco, la date émergente, de la même façon. En fait, on a une palette d'outils qui est extrêmement vaste et qui présente des profils de risque différents, sans parler des matières premières, des devises. Donc tous ces éléments-là,
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Speaker
finalement font qu'on peut atteindre certains objectifs de rendement de risque qui peuvent être assez similaires d'un portefeuille à l'autre mais avec une composition qui va être très différente. Donc à nouveau, si on parle des besoins du client, l'objectif c'est véritablement de comprendre quels sont ces objectifs sur un horizon de placement.
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Speaker
et de définir finalement quelles sont les classes actives qui vont être le plus à même de répondre à ces objectifs avec un couple rendement risque que l'on va chercher à optimiser. Mais en fonction des phases de marché,
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Speaker
On se rend compte qu'utiliser certaines classes actives plutôt que d'autres sera beaucoup plus pertinent et ainsi faire vivre un portefeuille avec toujours ce couple rendement risque qui va être plus ou moins le même mais avec des outils qui changent en cours de vie des produits.
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Speaker
Ok, je te remercie, c'est excellent, limpide. Une fois qu'on a vu un peu ce cadre de construction de portefeuille, les instruments à votre disposition, dont on comprend que la palette de choix est très large et qu'ensuite, en fonction de l'objectif, de la sensibilité du client, il peut y avoir un emploi un peu différent de ces instruments. Peut-être qu'on peut revenir sur la construction de la location, mais d'un point de vue plus général cette fois-ci,
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Speaker
Voilà, quand vous partez de cette feuille blanche au début, j'imagine que vous essayez de construire une allocation stratégique avec ces instruments, l'univers d'investissement à votre disposition. Comment vous allez modeler justement cette allocation stratégique dès le départ ? Après, on évoquera de comment elle vit dans le temps, mais est-ce que c'est des thèmes d'investissement, des secteurs, des pays ? Est-ce que c'est une lecture purement macroéconomique ? Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur votre méthodologie en la matière ?
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Speaker
Pour débuter, la construction de portefeuille, ce n'est pas la somme de bonnes idées d'investissement. Évidemment, on va essayer d'avoir les bonnes vues de marché pour essayer de maximiser le rendement au sein d'un portefeuille, mais le départ dans la construction de portefeuille, ce n'est pas de se dire j'ai une idée d'investissement, mais plutôt de savoir
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Speaker
comment on va l'exécuter et comment on va piloter les risques au sein d'un portefeuille. Je vais évoquer l'allocation stratégique, c'est clairement ça. On a un client, on a un profil de risque, on a un objectif de rendement sur le long terme. Ça nous donne un petit peu les limites, en tout cas la force de rappel autour de laquelle notre portefeuille doit être construite.
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Speaker
À partir de là, on va définir un scénario de marché. Le point de départ, comme je le disais, ça va être de définir le budget de risque que l'on souhaite attribuer au marché actions. Pourquoi les actions ? C'est l'une des classes actives les plus volatiles, mais également l'une de celles dont
Importance de l'allocation stratégique et de la diversification
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Speaker
l'espérance de rendement est la plus élevée sur le moyen long terme.
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Speaker
Etant donné que c'est la principale source de risque et de rendement du portefeuille, il faut définir finalement la juste cible dans un environnement de marché. Donc on a notre vue stratégique. Par rapport à cette vue stratégique, on va allouer plus ou moins de risques justement sur la poche action. Et à partir de là, on va essayer de définir quelles sont les sources de diversification que l'on peut ajouter au portefeuille. Toujours dans cette contrainte d'optimisation, de diversification des risques.
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Speaker
Et comme je le disais, ce n'est pas une addition de bonnes idées d'investissement parce que comme toujours, deux idées d'investissement qui sur le papier peuvent être sur des thématiques ou avoir des propriétés qui nous semblent être différentes peuvent se retrouver être extrêmement corrélées et finalement être la même phase d'une même pièce. Donc l'objectif c'est véritablement de voir
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Speaker
qu'est-ce qu'une idée d'investissement va apporter à mon portefeuille ? Est-ce que ça va apporter un surcroît de rendement potentiel et éventuellement remplacer une idée déjà présente dans le portefeuille ? Ou est-ce qu'elle va apporter une diversification et améliorer finalement la construction globale de mon portefeuille ? Donc il y a vraiment cette logique chez nous de réfléchir avec d'une part
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Speaker
quel est le juste niveau de risque qu'on veut attribuer au marché action, et ensuite les sources de diversification que l'on va intégrer dans le portefeuille. Ces sources de diversification sont très larges. Ça peut être les marchés obligataires, les matières premières, les devises, l'utilisation de dérivés éventuellement pour mettre en place des arbitrages. La palette d'outils est extrêmement large, mais il y a toujours cette idée, comme je le disais, de diversifier un portefeuille existant, des risques existants. Et au sein même de la poche action que j'évoquais tout d'abord,
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Speaker
Le potentiel de diversification existe par la sélection de titres vifs, par les différentes zones géographiques sur lesquelles on va chercher à s'exposer.
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Speaker
par des secteurs, des facteurs. Voilà, les composantes, les leviers en tout cas pour opérer sont très nombreux et il faut utiliser tous ces leviers pour construire un portefeuille efficient. L'idée classique qu'un portefeuille doit être composé d'action et d'obligation, portefeuille 60-40 qui apparaissait en tout cas comme optimale au cours des 10-15 dernières années caractérisée par le Quantitative Leasing,
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Speaker
C'est plus forcément quelque chose qui est valable dans le contexte inflationniste actuel. Je pense qu'on parlera de risque par la suite, mais c'est très important aussi dans la construction de portefeuille de comprendre les corrélations entre les différentes classes actives et de savoir comment l'ajout d'une classe active s'intègre dans la construction globale d'un portefeuille.
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Speaker
Écoute, je te remercie, je trouve ça très intéressant parce que ça revient souvent sur le podcast aussi cette notion que finalement la méthodologie de construction est peut-être même plus importante que les vues ou d'avoir raison d'indiquer aussi cette notion que c'est pas l'agrégation des meilleures idées d'investissement mais c'est vraiment un équilibre.
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Speaker
Et là, évidemment, on peut toujours filer une métaphore même avec le sport. On voit bien qu'il suffit pas dans une équipe d'agréger les meilleurs à leur poste. C'est aussi vraiment une question d'animation et de méthodologie au sein du groupe. Donc je te remercie pour cette réponse qui était très claire. Je vais revenir au point que tu... Pour compléter ce que tu viens de dire.
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Speaker
Un portefeuille dans lequel tous les titres iraient dans le même sens finalement alors tant mieux si l'ensemble des lignes d'un portefeuille sont gagnantes mais clairement c'est révélateur d'une concentration de risques et si le scénario de marché venait à évoluer cela voudrait dire également que toutes ces positions pourraient se retrouver perdantes du jour au lendemain.
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Speaker
Et clairement, c'est pas ce que l'on souhaite lorsque l'on construit un portefeuille. L'idée, c'est pas juste d'avoir la meilleure idée et d'espérer qu'elle performe. Claire. On est tout à fait d'accord. Peut-être que dans ce cas-là, je vais te poser deux questions en une. Tu viens déjà de l'évoquer en partie, mais peut-être que tu souhaitais ajouter quelques éléments sur justement la manière dont vous allez appréhender le risque. On parle de risque
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Speaker
financier, de risque de perte maximale, peut-être de risque aussi de diversification. Comment est-ce que vous allez apprendre cette partie-là, on va dire, en statique et en dynamique dans le portefeuille ? Et donc, ça m'amène aussi à ma dernière question avant de passer au 100 € une allocation, qui était de te demander même plus généralement en cours de vie, comment tu suis l'allocation ? Est-ce que tu la remets en cause et comment tu l'optimises ?
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Speaker
Alors là, on a pas mal de points. Pour commencer sur la partie risque, l'élément principal, ça va déjà être de comprendre les facteurs de risque inhérents à l'ensemble des positions du portefeuille.
00:17:58
Speaker
Lorsque j'intègre une position, j'ai besoin de comprendre dans l'absolu, indépendamment du reste du portefeuille, à quel risque je m'expose. Que ce soit un risque de scénario, un risque de contrepartie, un risque politique.
00:18:13
Speaker
un risque financier, évidemment. La palette de risque peut être très large. Elle peut s'exprimer de différentes façons, de façon statistique.
Comprendre et gérer les risques inhérents
00:18:21
Speaker
On peut aussi réaliser des régressions, essayer d'identifier quels sont les différents risques géographiques, sectoriels, factoriels auxquels je suis en mesure de m'exposer. Donc, il y a vraiment la compréhension des risques liés à mon investissement. Et quels scénarios pourraient se produire, positifs ou négatifs.
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Speaker
comprendre qu'un actif donné peut avoir une paire de 10, 15, 20 % dans différents scénarios. Il faut toujours se préparer au pire d'une certaine façon et avoir l'honnêteté de voir, on espère toujours que c'est le scénario favorable qui va se produire, mais évidemment comprendre quels sont les risques en cas de scénarios défavorables.
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Speaker
Dans un second temps, j'ai évoqué déjà la compréhension des facteurs de risque. Au sein d'un portefeuille, ça va essayer de voir si ces facteurs de risque sont déjà présents, déjà exprimés au travers d'autres positions et donc d'avoir une vue en termes de corrélation notamment. Mais on utilise aussi d'autres outils. En interne, on pratique beaucoup ce qu'on appelle le clustering et également les analyses en composantes principales.
00:19:37
Speaker
c'est une façon de comprendre les risques auxquels sont exposés l'ensemble des positions d'un portefeuille et de pouvoir comprendre si finalement les groupes de position se comportent statistiquement comme souhaités et s'il y a des similitudes trop importantes entre les positions d'un portefeuille. Auquel cas, comme je le disais, ça veut dire qu'on a ajouté des lignes mais qui ne présentent pas forcément d'intérêt
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Speaker
en termes de construction de portefeuille. Donc peut-être qu'il vaut mieux en garder l'une ou l'autre, ou ajouter d'autres positions peut-être plus pertinentes en portefeuille. Cette notion de corrélation est d'autant plus importante qu'elle évolue au fil du temps. Et donc les choses ne sont pas statiques. On l'a vu ces deux dernières années,
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Speaker
Dans un contexte inflationniste, on a pu voir que la corrégation entre les marchés obligataires et les actions est redevenue positive. C'est quelque chose qu'on n'avait pas eu pendant des décennies en termes de construction de portefeuilles. Ça change radicalement la donne parce qu'ajouter, en tout cas avoir un portefeuille composé d'actions et d'obligations, finalement vient accroître les risques d'un portefeuille plutôt que de générer véritablement de la diversification. Ça, c'est des choses qui sont liées à un environnement marché particulier.
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Speaker
Mais qu'il faut avoir en tête et c'est pour ça que, tu me posais la question, un portefeuille doit vivre en fonction du cycle, doit vivre en fonction de l'évolution des différentes trades.
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Speaker
Et donc, on ne peut pas avoir une vue statique et se dire, très bien, le portefeuille que j'ai construit aujourd'hui, il sera valable dans 5 ans, dans 10 ans, parce que, clairement, les corrélations, les conditions de marché, les opportunités et les espérances de rendement sont amenées à évoluer et tous ces éléments-là sont à prendre en considération indépendamment des convictions et des vues de marché que l'on va établir et que l'on cherche à établir au quotidien.
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Speaker
Excellent, je te remercie et peut-être que ça me porte à préciser un élément. J'imagine de ce que tu viens de décrire, qui est très clair, que principalement vos clients expriment des objectifs de performance et des niveaux de risque acceptables pour eux qui sont plutôt absolus. Ce que j'entends par là, juste pour préciser pour ceux qui nous écoutent, c'est qu'ils se réfèrent
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Speaker
pas forcément juste un marché de référence ou un benchmark. J'ai la sensation que vous travaillez quand même beaucoup par rapport à des couples au rendement risques cible et que vous faites un peu abstraction ensuite de la force de rappel du benchmark.
00:22:18
Speaker
Clairement, dans la plupart de nos gestions, nous n'avons pas de benchmark. Alors évidemment, sur un certain nombre de mandats, on va avoir des benchmarks et on va le prendre en considération, mais la plupart du temps, effectivement, c'est une gestion libre. Et dans ce cadre-là,
00:22:38
Speaker
Le benchmark, finalement, ça va être un petit peu cette allocation stratégique qui fait office de force de rappel et qui correspond finalement au portefeuille qui doit répondre aux objectifs de rendement risque du client. Donc, on va toujours piloter autour de ce portefeuille stratégique pour implémenter nos vues tactiques. Dans le cadre d'un portefeuille benchmarké,
00:23:08
Speaker
les choses ne vont pas être si différentes que ça. On va être contraint, évidemment, lorsqu'on pilote un portefeuille qui a un benchmark, par exemple 75% action internationale, il faut l'avoir en tête, et finalement notre niveau de neutralité, ça va être ce benchmark. Mais rien ne nous empêche finalement d'exprimer des vues,
00:23:30
Speaker
et d'avoir malgré tout cette logique de construction et diversification malgré un benchmark qui est déjà présent. En tout cas, on cherche systématiquement à s'affranchir
00:23:44
Speaker
des benchmarks pour pouvoir exprimer des vues. Qu'on soit sur un portefeuille extrêmement défensif, patrimonial, où le potentiel de diversification est très important, ou un portefeuille à quasi 100% action, finalement le travail est le même.
Minimisation des risques de concentration
00:24:05
Speaker
Les sources de diversification vont peut-être être plus limitées.
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Speaker
Mais avec les outils à notre disposition, on va toujours essayer de maximiser un couple rendement risque en travaillant sur les facteurs de risque que j'ai pu évoquer précédemment.
00:24:25
Speaker
Ok, très clair. Merci pour cet éclairage sur ce point. Je pense qu'on a fait un bon tour d'horizon du thème central qui est la construction de portefeuille. Je te propose de passer à la partie 100€ une allocation. C'est la tradition avant de se quitter sur le podcast. En gros, l'enjeu est très simple. Tu as 100€ pour une allocation vraiment de long terme, pour 10 à 15 ans. Tu n'as pas besoin
00:24:50
Speaker
de piocher dedans pour des raisons de trésorerie. Je précise que c'est une piste de réflexion et que ce n'est pas un conseil d'investissement évidemment. Notre souhait c'est juste de faire bénéficier aux auditeurs d'idées et de faire bénéficier de leur expérience aussi en provenance de professionnels de la gestion et de la location. Le cadre de réponse est très libre.
00:25:09
Speaker
Lucas, et tu as des classes d'actifs qui sont disponibles, qui sont toujours les mêmes, les taux garantis, donc livrés, fonds euro, contre-émunérés, l'immobilier sous toutes ses formes, l'immobilier en direct ou l'immobilier pierre papier, voire même d'ailleurs les sociétés immobilières cotées, les obligations, les actions qui sont incontournables et puis aussi les actifs non cotés. Donc, quelle serait toi ton portefeuille pour les 10, 15 prochaines années ?
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Speaker
Pour suivre les conseils que j'ai évoqués précédemment, un portefeuille doit être adapté aux besoins d'un client et à la situation d'un client.
Stratégie personnelle d'investissement à long terme de Lucas
00:25:45
Speaker
Donc, me concernant, et étant encore relativement jeune, j'ai un temps d'investissement long devant moi et la possibilité de prendre du risque. Ma réponse, ce serait un portefeuille assez fortement investi, avec à minima 50% d'actions internationales.
00:26:03
Speaker
25% de crédit high yield pour profiter de l'environnement de taux actuel et de spreads qui sont relativement élevés et qui permettent d'avoir un portage assez attractif. Par rapport aux perspectives de long terme,
00:26:22
Speaker
J'ajouterai également une diversification sur les matières premières en privilégiant notamment les métaux, que ce soit l'or typiquement, ou les métaux liés à la transition énergétique à hauteur de 10-15%.
00:26:37
Speaker
et un reliquat de cash, déjà parce que les taux actuellement sont élevés, donc la rémunération du cash est attractive et c'est un outil d'attente qui est plus qu'utile, et pour bénéficier aussi de disponibilité en cas d'opportunité de marché pour renforcer le risque à un moment donné. Dans la construction de portefeuille, clairement, là je ne cherche pas à optimiser les risques,
00:27:03
Speaker
Je sais très bien que les actions et le Crédit à Yield présentent une corrélation assez élevée. Dans mon cas, comme je le disais, comme la tolérance au risque est assez élevée, je pourrais me permettre cette concentration des risques. Clairement, ce n'est pas quelque chose que je construirais pour un client parce que là, j'admissionnerais un certain nombre de risques et je ne serais pas finalement dans mon rôle de gérant allocataire d'actifs en construisant un portefeuille comme celui-ci.
00:27:33
Speaker
Ok, excellent. De toute façon, on comprend bien que c'est le reflet de ta situation et besoin et donc de ta tolérance au risque, ce portefeuille. Mais justement, tu parlais de cette notion de conseil auprès d'un client et tu expliquais déjà comment tu ferais vivre cette allocation, notamment avec ta poche d'attente monétaire pour saisir des opportunités. Est-ce qu'il y a quelques éléments supplémentaires que tu souhaitais préciser, peut-être des conseils ? Une fois qu'on a construit ce portefeuille, qu'est-ce qu'il vient de faire et de ne pas faire ?
00:28:06
Speaker
Il faut avoir une stratégie qui peut être personnelle. Le fait d'avoir une approche buy-and-hold ou d'ajuster en cours de route, ça reste quelque chose de très personnel. La mise en place de stop-loss éventuelle. En tout cas, ce sont des choses qui doivent être réfléchies en amont pour ne pas avoir à réagir dans la panique.
00:28:29
Speaker
Ok, excellent. De toute façon, on comprend bien que c'est le reflet de ta situation et besoin et donc de ta tolérance au risque, ce portefeuille. Mais justement, tu parlais de cette notion de conseil auprès d'un client et tu expliquais déjà comment tu ferais vivre cette allocation, notamment avec ta poche d'attente monétaire pour saisir des opportunités. Est-ce qu'il y a quelques éléments supplémentaires que tu souhaitais préciser, peut-être des conseils ? Une fois qu'on a construit ce portefeuille, qu'est-ce qu'il vient de faire et de ne pas faire ?
00:28:59
Speaker
Ça, ce sont des éléments extrêmement importants.
Avertissements sur les risques en gestion de portefeuille
00:29:01
Speaker
Peut-être pour compléter sur quelques conseils, il y a un certain nombre de pièges à éviter, et clairement, il y a certains éléments qui peuvent tuer un portefeuille, disons-le clairement. Je pense notamment au risque d'illiquidité.
00:29:18
Speaker
Il n'y a rien de pire que de ne pas pouvoir sortir d'une position du fait d'une absence de liquidité ou que le coût de la liquidité soit tel qu'une bonne idée d'investissement finalement se transforme en perte sèche. Le second élément, c'est le levier. On a toujours différents outils à notre disposition.
00:29:40
Speaker
mais le levier fait partie des dangers principaux tout simplement dans la construction de portefeuille. Le dernier auquel je pense c'est la concentration, que ce soit par un nombre trop limité de position ou par des facteurs de risque qui sont communs à l'ensemble d'un portefeuille. Alors ces trois éléments là finalement combinés ou non peuvent être des éléments qui permettent de maximiser un rendement
00:30:09
Speaker
mais clairement, ça vient détériorer le couple rendement risque sur le long terme et les risques en cas d'erreur de pilotage peuvent être très importants pour un investisseur. Donc, c'est trois éléments auxquels il faut porter une attention très particulière. Écoute, je te remercie, je pense que c'est vraiment des conseils avisés en conclusion, une sage conclusion.
00:30:36
Speaker
Et bah écoute je te remercie à nouveau, c'est un plaisir de t'accueillir sur le podcast et puis je te dis à très vite Lucas ! Amine ça a été un grand plaisir, merci et à très bientôt ! Plaisir partagé, merci Lucas ! Allez, on se retrouve pour le débris traditionnel. Qu'est-ce que l'on peut retenir de ces échanges avec Lucas ? Tout d'abord, ce n'est pas la première fois que nos experts évoquent à quel point les crises et l'expérience sont cruciales dans leur construction.
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Speaker
On retire un point important en matière d'investissement et de choix de support. Il convient de sélectionner des gérants et des produits qui ont traversé différents cycles et en particulier des chocs de marché afin de s'assurer premièrement que leur performance a dépassé le facteur chance et deuxièmement de disposer d'un historique suffisamment long et rassurant avec une approche d'investissement que vous comprenez pour que vous puissiez traverser les périodes les plus chahutées sereines.
00:31:29
Speaker
Concernant la gestion sur mesure, un point intéressant développé ici est que pour deux clients ayant des objectifs de performance financière et extra financière et de risque comparable, il est envisageable d'atteindre cette cible avec des portefeuilles qui ne sont pas forcément les mêmes en fonction notamment des aspirations du client et de sa tolérance au risque.
00:31:50
Speaker
Lucas a également mis en exergue que l'environnement et les régimes de performance ainsi que le niveau de risque évoluent dans le temps, qu'il convient ainsi d'adapter le portefeuille en conséquence si on souhaite maintenir la cible rendement risque initiale. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut bouger tout le temps, bien au contraire, mais cet éclairage nous permet de comprendre qu'une même allocation d'actifs ne présente pas une espérance de rendement, des corrélations ou une concentration figée à travers le temps.
00:32:19
Speaker
On s'aperçoit également, épisode après épisode, qu'il n'y a pas une seule manière de faire la location et de personnaliser les portefeuilles. En revanche, il y a toutefois un consensus absolu sur le fait que le respect d'une discipline d'investissement, c'est-à-dire l'installation d'un cadre, est crucial. Je vous propose à ce titre deux citations de Warren Buffett qui caractérisent bien cette idée. Les prévisions peuvent vous apprendre beaucoup sur les prévisionnistes, mais ne disent pas grand-chose sur l'avenir.
00:32:49
Speaker
La seconde, le marché action est un lieu de transfert d'argent des investisseurs impatients vers les investisseurs patients. Je vous laisse enfin sur une dernière réflexion. Un enseignement majeur de l'intervention de Lucas, à mon sens, est que pour bien faire vivre votre épargne et donc éviter de tuer votre portefeuille, il cite trois pièges.
00:33:12
Speaker
l'illiquidité, l'abus de levier et la non maîtrise du risque de concentration. On dédiera sans nul doute de prochains épisodes de l'éclaireur à ces éléments.