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Des Empires à la Guerre des Balkans : TOUTE l'Histoire de la Yougoslavie.

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89 Plays21 days ago

Aujourd'hui, nous partons à la découverte de toute l'histoire de la Yougoslavie, des prémices de sa création au 19ème siècle jusqu'à sa désintégration et le début des guerres des Balkans en 1991.  

Une heure de podcast, mon tout premier long format pour découvrir toute l'histoire de ce pays méconnu, pour explorer les moments clés de l'histoire de la Yougoslavie, comprendre les forces qui l'ont façonné et découvrir les personnages qui ont marqué son destin.

La vidéo est disponible sur Youtube
https://www.youtube.com/watch?v=OF_GF5g_JHg

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Transcript
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Speaker
Mes premiers souvenirs de la Yougoslavie, c'est ça. Et puis ça.
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Speaker
Ce pays a nourri les imaginaires de nombre d'entre nous et son histoire continue de façonner les vies de millions de personnes à travers les Balkans. La Yougoslavie c'est un pays différentes cultures, différentes langues et différentes religions se sont entremêlées pour former une mosaïque
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Speaker
unique. Mais connaissez-vous toute l'histoire de la Yougoslavie ? Avant sa désintégration, comment ce pays s'est formé, comment un rêve d'unité a-t-il pu se transformer en haine ? Dans cette vidéo, nous allons plonger au coeur de l'épopée Yougoslave, nous allons explorer les moments clés de l'histoire de la Yougoslavie, comprendre les forces qui l'ont façonné et découvrir les personnages qui ont marqué son destin.
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Speaker
Préparez-vous à découvrir une histoire fascinante, riche en rebondissements et en leçons pour l'avenir. Préparez-vous à un voyage captivant à travers le temps, chaque événement, chaque décision a joué un rôle crucial dans l'histoire de cette nation aujourd'hui disparue. Bienvenue dans l'incroyable saga de la Yougoslavie, une terre d'espoir se mêlent héroïsme et tragédie.
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Speaker
Pour comprendre comment s'est formée la Yougoslavie, je vous propose un bond dans le temps. Tout commence au début du XIXe siècle en Serbie. Nous sommes en 1804. En fait, non. Pour remettre du contexte, il faut d'abord rétablir la vérité des faits, la vérité historique. Tout commence au Kosovo, sur le théâtre de la bataille du champ des merles.
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Speaker
Nous sommes le 28 juin 1389 à Kosovo-Polié. Et notez bien cette date du 28 juin car elle est importante pour la suite de notre récit. Effectivement, c'est la date sacrée pour les Serbes, le Vidovdan, jour de fête nationale de la Serbie. C'est donc ici qu'une coalition de princes chrétiens des Balkans menée par le prince serbe Lazare Beljanović est défaite par l'armée ottomane du sultan Murad Ier. C'est ici que commence une domination de 5 siècles des ottomans dans les Balkans et en Europe,
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Speaker
qui les verront arriver jusqu'aux portes de Vienne au XVIIe siècle. En tout cas, c'est ce que le récit nationaliste serbe veut nous faire croire. Que cette bataille perdue est une défaite héroïque. Que cette date du 28 juin 1389 est le début de la domination ottomane dans le sud-est de l'Europe. Alors qu'au final, la mort du sultan Mourad premier sur le champ de bataille déconcerte les turcs qui font alors marche arrière
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Speaker
et retournent sur leur terre. La prise de la Serbie par les ottomans n'a lieu que 70 ans plus tard, en 1459, alors je me devais de casser Smith Nationalist pour commencer cette vidéo car il est prégnant dans la société serbe, or en se renseignant un peu, en lisant des livres et des articles de chercheurs, d'historiens, on retrouve facilement la vérité historique. Et c'est ce que vous trouverez sur cette chaîne, la vérité historique, alors abonnez-vous.
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Speaker
Pour comprendre la Yougoslavie, il faut aussi comprendre ce que veut dire ce mot. Avec d'abord Youg, qui veut dire sud en Serbo-Croate, puis Slavia, littéralement donc le pays des slaves du sud. Notre histoire commence donc au XIXe siècle. C'est le moment l'idée de réunir les slaves du sud en un seul état commence à apparaître avec l'arrivée du mouvement intellectuel du romantisme, et plus particulièrement chez les Croates à partir de 1830, à travers ce qu'on appelle l'Ilyris.
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Speaker
L'illirisme, ça nous vient des tribus illyriennes qui s'étaient installées durant l'Antiquité dans la péninsule balcanique. Par ailleurs, le mouvement de nationalismes romantiques, il est important à comprendre dans l'autodétermination des peuples au XIXe siècle contre les dominations dynastiques et impériales. Au XIXe siècle donc,
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Speaker
Les slaves du sud sont sous la domination de deux grands empires, d'un côté l'empire autrichien au nord et de l'autre l'empire ottoman au sud. Au début du XIXe siècle, la Serbie conteste le pouvoir des ottomans avec la révolution serbe qui débute en 1804
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Speaker
sous la direction de Georges Petrovitch, aussi connu sous le nom de Kara Georges, un haïduk, qui sont des bandits justiciers, un peu des robins des bois des Balkans. Et ce n'est finalement qu'un peu plus tard, en 1830, que les Serbes obtiennent leur autonomie sous la direction de Miloš Obrenović, qui négocie alors avec les Ottomans après des combats à Charley. Pour la petite anecdote, Miloš a fait assassiner Kara Georges en 1817, il envoie sa tête au vizier de Belgrade, Marachli Alipacha, qu'il envoie à son tour au sultan Marc Moudreux à la sublime porte.
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Speaker
Dans le nord des Balkans, c'est donc l'Empire Autrichien qui domine. Cet empire deviendra d'ailleurs en 1867 l'Empire Austro-Hongrois qui comprend l'Empire d'Autriche, le Royaume de Hongrie, le Royaume de Croatie-Slavonie et la Bosnie-Herzégovine placée alors sous administration commune.
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Speaker
La contestation dans l'Empire autrichien, elle prend une forme un peu plus culturelle, un peu plus politique, enfin, presque partout. Mais avançons jusqu'en 1876. Cette année-là, une guerre éclate entre les Serbes et les Ottomans. Les bachibouzouk, qui sont des cavaliers mercenaires ottomans connus pour leur atrocité, massacrent les Serbes. Et il faudra attendre un ultimatum posé par l'empereur Alexandre II de Russie aux Ottomans en 1877 pour sauver les Serbes de la déroute.
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Speaker
La Russie, qui veut alors obtenir un accès au détroit de la Mer Noire à Constantinople, entre en allant en guerre contre les Turcs. Et malgré de nombreuses victoires, la Russie va finalement tout perdre à cause de l'Empire Britannique. Mais avant de tout perdre, la Russie gagne alors la guerre contre l'Empire Ottoman, puis signe le traité de San Stefano dans la banlieue de Constantinople le 3 mars 1878. Cet accord de paix met alors un terme au combat et redessine les frontières des pays des Balkans
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Speaker
Pourtant, il ne sera jamais mis en oeuvre. la Russie perd, c'est en terme de diplomatie. L'Empire Britannique souhaite négocier un nouveau traité car l'Empire Russe devient alors trop puissant. L'Empire Allemand propose alors une médiation entre les Britanniques et les Russes à l'occasion du Congrès de Berlin qui se déroule de juin à juillet 1878. Ce congrès est aussi appelé le Congrès des Nations. Le traité de Berlin est signé le 13 juillet 1878.
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Speaker
Cette conférence n'autorise finalement pas la Russie à avoir accès au détroit de la mer Noire et surtout elle redessine totalement les frontières des états de la péninsule Balkanique qui sont alors fabriqués par des diplomates européens pour leurs propres intérêts géopolitiques sans tenir compte des aspirations des populations locales.
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Speaker
Effectivement, les diplomates des états des Balkans qui sont les principaux sujets de cette conférence ne sont même pas admis à la table des négociations et ils ne peuvent qu'envoyer des représentants pour plaider leur cause. On assiste à ce moment à l'apogée de la question d'Orient qui est une expression employée pour qualifier l'ingérence des empires dans la construction des pays des Balkans. Les empires profitent alors du déclin de l'empire ottoman.
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Speaker
Le grand gagnant de ce traité, c'est finalement l'Empire Austro-Hongrois qui gagne des territoires sur la Serbie à travers la Bosnie-Herzégovine et notamment le Sanjak de Novy Pazar. De son côté, la Bosnie-Herzégovine qui est peuplée de slaves orthodoxes, qui se revendiquent Serbes, ainsi que de slaves musulmans qui ont été convertis à l'islam depuis l'expansion de l'Empire Ottoman dans la région à partir du Moyen-Âge, la Bosnie reste sous la souveraineté de l'Empire Ottoman, qui est encore propriétaire des terres,
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Speaker
tout en étant occupé et contrôlé par l'Empire Austro-Hongrois. Alors oui, je vous le confirme, la géopolitique est compliquée à comprendre à l'époque. Alors que l'Empire Austro-Hongrois prévoit une occupation totale du territoire avant le 18 août 1878, la population se révolte contre l'Empire Austro-Hongrois. D'abord les musulmans puis les serbes orthodoxes de Bosnie. L'Empire envoie alors plus de 150 000 soldats pour contrôler ces territoires et c'est bien lui qui a le dernier mot.
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Speaker
Suite au traité de Berlin, la Serbie devient indépendante. Le Royaume de Serbie est créé en 1882 mais sans avoir les limites géographiques qu'elle souhaite. Il en est de même pour le Monténégro, pour la Bulgarie et pour la Roumanie. Un peu plus tard, on a une période qui est très intéressante en Serbie. C'est à partir de 1903, après un coup d'état et l'assassinat du roi Alexandre Ier, qui est le dernier roi de la dynastie des Obrenovitch,
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Speaker
Pierre 1er, qui est de la dynastie des Karajerjevic, est alors installé au pouvoir. Il rétablit la démocratie avec la mise en place d'une constitution monarchique parlementaire qui va alors vers plus de démocratie, plus de parlementarisme et plus de libéralisme. La Serbie reçoit d'ailleurs à l'époque le surnom de berceau de la démocratie dans les Balkans modernes. Mais surtout à cette époque, la Serbie commence à faire peur.
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Speaker
peur à l'Empire Austro-Hongrois parce qu'elle s'émancipe politiquement, économiquement et surtout militairement. Effectivement à partir de 1905 et grâce à un prêt qui est octroyé par la France, l'armée serbe commence alors à s'armer. En 1908, l'Empire Austro-Hongrois provoque une crise en annexant la Bosnie-Herzégovine. Les Croates d'un côté sont mécontents parce qu'ils voulaient les réunir avec
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Speaker
mais les Serbes ils sont furieux parce qu'ils revendiquent eux aussi ce pays pour construire la Grande Serbie. En échange de cette annexion, la Serbie revendique alors le Sandiaque de Novy Pazar mais l'Empire Austro-Hongrois le rend alors à l'Empire Ottoman. L'Empire Austro-Hongrois a alors d'autres projets pour la Serbie. Elle souhaite son anéantissement afin de limiter son extension vers l'Adriatique et la faire revenir dans sa zone d'influence politique. Les tensions sont alors à leur paroxysme en Europe.
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Speaker
Suivent deux guerres Balkaniques avec d'abord celle de 1912 qui va définitivement vaincre les Ottomans et qui grâce aux grandes puissances voit l'Albanie proclamer son indépendance ? On est alors le 28 novembre 1912 et ce malgré la réticence de la Ligue Balkanique qui est la coalition qui vient de gagner la guerre et qui comprend le Monténégro, la Serbie, la Bulgarie et la Grèce.
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Speaker
Des rivalités naissent alors sur le partage des territoires, ce qui nous conduit à la 2ème guerre Balkanique de 1913, qui voit alors la Bulgarie s'attaquer à la Serbie pour revendiquer les territoires macédoniens sont stationnés des soldats serbes. La Serbie est alors soutenue par la Grèce et le Monténégro, ainsi que par la Roumanie et l'Empire Ottoman. La Bulgarie perd cette guerre, l'Empire Ottoman en profite pour reprendre certains territoires gagnés quelques mois auparavant par la Bulgarie, qui perd alors la moitié de ce qu'elle a gagné l'année précédente.
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Speaker
A l'occasion de cette guerre, l'Autriche-Hongrie propose de venir en aide au Bulgare si ces derniers acceptent de céder aux Roumains une partie de leur territoire au Nord-Est du pays. Devant le refus bulgare, l'Empire Austro-Hongrois retire son offre et rate alors l'occasion d'anéantir les Serbes. C'est alors une grande défaite diplomatique pour l'Autriche-Hongrie.
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Speaker
Cette deuxième guerre balkanique va alors finir de dessiner les frontières des pays balkaniques. Au même moment, François Ferdinand qui est le prince héritier du trône de l'empire austro-hongrois devient hostile à l'excès de pouvoir des Hongrois et il devient surtout favorable à la reconnaissance d'une entité jugoslave au sein de l'empire. Les Croates sont pour, mais pas les Serbes, qui souhaitent une autonomie de la Bosnie-Herzégovine. Tout comme certains groupes révolutionnaires et nationalistes qui souhaitent libérer la Bosnie-Herzégovine de la domination austro-hongroise.
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Speaker
La visite de François Ferdinand en Bosnie au début de l'été 1914 paraît d'ailleurs être l'annonce de la mise en oeuvre de cette politique. Mais le 28 juin 1914, un événement va bouleverser le cours de l'histoire. L'archiduc François Ferdinand, qui est en visite à Sarajevo, est assassiné par Gavrilo Princip, Bosnien et membre de l'organisation révolutionnaire anarchiste Jeune Bosnie, qui est un groupe révolutionnaire nationaliste.
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Speaker
Cet assassinat est alors pris par les empires austro-ongrois et allemands comme une déclaration de guerre de la part de la Serbie qui n'a pourtant pas commandité cet attentat. Les dirigeants serbes avaient même averti l'empire austro-ongrois d'une possibilité d'assassinat. L'autrichon gris qui reçoit alors le soutien de l'empire allemand réagit et formule tardivement un ultimatum en 10 points au royaume de Serbie. Elle l'envoie le 23 juillet 1914, un peu moins d'un mois après l'effet. Cet ultimatum est écrit pour que la Serbie le refuse et surtout pour entrer en guerre contre elle et la faire disparaître.
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Speaker
Des pressions viennent d'ailleurs du côté de l'empire allemand pour poser de fortes exigences à la Serbie, ce qui entraîne à une excuse pour qu'elle aussi entre en guerre contre la France et contre la Russie. La Serbie accepte toutes les conditions de l'Ultimatum à l'exception de la demande du Point 6.
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Speaker
qui est celui d'autoriser la police austro-hongoise à opérer en Serbie. Effectivement, cette exigence porte atteinte à la souveraineté du peuple serbe et elle est jugée inacceptable. Les relations diplomatiques sont coupées et l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie le 28 juillet 1914.
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Speaker
En fait, tous les événements des mois précédents ont mené à la première guerre mondiale. L'Allemagne souhaite depuis quelques années déjà s'étendre vers la France et vers la Russie, et surtout elle soutient l'Autriche-Hongrie qui souhaite elle garder mais aussi étendre son emprise sur les slaves du sud, notamment vers la Serbie, en créant un grand pays des Balkans sous influence autrichienne. Du côté allemand, la construction de cuir acier toujours plus grand est la fin de l'agrandissement du canal de Kiel, prévu pour la fin de l'été 1914, leur permettant alors un accès à la mer du nord plus simple,
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Speaker
a retardé son entrée en guerre. Mais en fait, tout était prévu pour que cette guerre commence à l'été 1914. L'assassinat de l'archiduc François Ferdinand déclenche alors une chaîne d'événements, la fameuse crise de juillet, et le jeu des alliances entre les grandes puissances européennes mène à la première guerre mondiale au début du mois d'août 1914.
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Speaker
La Serbie résiste alors vaillamment à l'invasion strongoise pendant plus d'un an malgré des pertes énormes. Les troupes serbes se retirent finalement vers Corfu fin 1915 après une difficile traversée des montagnes albanaises en plein hiver puis elles rejoignent les forces des alliés françaises et anglaises à Salonique en Grèce pour continuer la lutte.
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Speaker
A l'automne 1918, la victoire arrive. Les troupes franco-serbes remontent jusqu Belgrade et marchent sur Vienne. L'Autriche capitule en même temps que l'Allemagne. A noter d'ailleurs pendant la première guerre mondiale, les sujets sud-slavs de l'Empire Austro-Hongrois, les Slovènes, les Croates et les Bosniens ont combattu du côté autrichien. Retenez d'ailleurs le nom de Josip Broz, militaire croate fait prisonnier par les Russes, qui se convertit alors à la Révolution et rejoint l'Armée Rouge.
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Speaker
Une fois ce contexte posé, venons-en maintenant au sujet principal de cette vidéo, la création de la Yougoslavie. C'est pendant la première guerre mondiale que l'idée d'une grande Yougoslavie prend forme pour intégrer les différents peuples slaves du sud, et c'est avec la déclaration de Corfu du 1er juillet 1917 que les discussions commencent. On trouve d'un côté le Kroat Antetromych, qui représente le Comité National Yougoslave, qui a été fondé en 1915 à Londres et qui aspire
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Speaker
a créé une grande Yougoslavie avec la Serbie. De l'autre côté, nous avons Nicolas Pachic, le chef du gouvernement du royaume de Serbie. Il signe alors une déclaration qui affirme l'unité des Serbes, des Croates et des Slovènes sous une monarchie constitutionnelle qui serait alors dirigée par la dynastie Serbe des Karađerđević. Au sortir de la guerre, les deux hommes se retrouvent pour signer la déclaration de Genève le 9 novembre 1918.
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Speaker
Mais le prince régent serbe Alexandre refuse de ratifier cet accord et proposa à la place une assemblée constituante. Et c'est finalement le 1er décembre 1918 que le royaume des Serbes, Croates et Slovènes est proclamé. Ce nouvel état est alors fondé sur l'idée jugoslave que les différences linguistiques ou religieuses qui séparent les peuples slaves du sud sont minimes et ne doivent pas empêcher une vie commune, mais il est surtout l'héritier de l'état serbe.
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Speaker
Le nouveau royaume monte d'ailleurs rapidement des signes de tension interne. Les serbes fordent leurs sacrifices pendant la guerre, pensent que tout leur est dû. Ils prennent le contrôle des institutions et imposent un régime centralisé. La constitution de Vidovdan, la première du royaume, est adoptée par l'assemblée constituante le 28 juin 1921. Je vous avais dit de retenir cette date.
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Speaker
Elle revient régulièrement dans l'histoire de la yougoslavie mais surtout dans l'histoire serbe. La nouvelle constitution est donc adoptée malgré l'absence du parti républicain paysan croate qui est le principal parti en Croatie qui défend de son côté une solution fédérale ainsi qu'en l'absence du parti communiste qui est interdit à partir du 29 décembre 1920
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Speaker
sous le décret de l'Obsnana alors qu'il est devenu le troisième parti le plus important du royaume. Effectivement, à cette époque, le pouvoir serbe n'hésite pas à recourir à la répression. La démocratie ne résiste pas longtemps. La pratique du roi Alexandre II de Serbie devient de plus en plus autoritaire et le vrai pouvoir est au palais le parlement est tenu par la corruption.
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Speaker
Dans le même temps, les Croates qui sentent leurs droits ignorés s'opposent de plus en plus au régime. Cette Yougoslavie dont leurs penseurs ont rêvé pendant tout le XIXe siècle est réalisée, mais elles se retournent contre eux. Quant aux autres peuples, les Slovènes et les musulmans de Bosnia et Zégovina, ils acceptent de leur côté mieux le régime, mais c'est dans le sud du pays que la situation se détériore. Au Kosovo, aucun droit n'est accordé aux Albanais.
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Speaker
Quant aux Macédoniens, ils ne sont pas reconnus comme peuple, mais sont considérés comme serbes. En Macédoine, les Komitadji, qui sont des insurgés nationalistes originaires de Bulgarie et de Macédoine, fondent en 1893 le VMRO, qui est une organisation révolutionnaire intérieure macédonienne, et surtout ils organisent des attentats en Macédoine depuis la Bulgarie. À ce moment-là, plusieurs événements capitaux dans l'histoire de la Yougoslavie vont alors avoir lieu.
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Speaker
D'abord le 20 juin 1928 au parlement. Stjepan Radic, qui est le chef du parti paysan croate, est gravement touché par une balle en pleine séance parlementaire. Il succombe quelques semaines plus tard. Deux députés de son parti sont tués sur le coup. Ce meurtre provoque un choc dans la population croate, déjà très hostile au régime. Radic devient alors un martyr et le symbole de la résistance croate. Le 6 janvier 1929, le pays est renommé Royaume de Yougoslavie. Le roi se renomme Alexandre Ier de Yougoslavie,
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Il suspend la constitution, dissout le parlement et il instaure la dictature du 6 janvier. C'est aussi à ce moment que Ante Pavelić, député croate, nationaliste et contraint à l'exil, fonde le mouvement des oustachis avec l'appui de pays voisin et en liaison avec le VML. L'idéologie des oustachis se radicalise rapidement, devenant un parti fasciste, antisémite et anti-orthodoxe.
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Speaker
Enfin, le 9 octobre 1934, les Marseillais assistent médusé à l'assassinat du roi Alexandre Ier de Yougoslavie. Il est alors en visite en France et il est assassiné par un Komitaji vulgaire proche des Macédoliens du Véamero mais surtout proche des Oustachis. On assiste alors au premier assassinat politique filmé. La régence est alors assurée par son cousin, le Prince Paul. La dictature continue mais le nouveau souverain montre plus d'esprit de conciliation que son prédécesseur.
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Speaker
A la veille de la seconde guerre mondiale, et malgré des tentatives de réconciliation par le prince Paul, comme un projet de concordat avec le Vatican pour la partie croate, les tensions internes continuent de croître. Et ce n'est que le 26 août 1939, après d'apres négociations, qu'une entité croate est proclamée à travers l'accord Tvetkovitch-Macek.
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Speaker
Cet accord instaure alors la création d'un sous état croate en Yougoslavie sans forcément lui donner son indépendance. En 1939, au début de la seconde guerre mondiale, la Yougoslavie proclame sa neutralité. Mais après la défaite de la France en 1940, elle subit de fortes pressions de l'Allemagne nazie pour adhérer au pacte tripartite comme l'ont fait quelques mois plus tôt la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie et la Bulgarie.
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Speaker
Et c'est le 25 mars 1941 que le prince Paul signe finalement ce pacte de l'enfer. Cette signature suscite alors l'indignation en Serbie et mène à un coup d'état le 27 mars 1941, qui est dirigé par le général Dushan Simovic, qui renverse le prince Paul et proclame Pierre II roi du Yugoslavie. Le peuple serbe est exalté, il soutient massivement ce changement,
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mais il ignore tout des répercussions potentielles. Effectivement, de son côté, Hitler, qui prépare l'attaque contre l'Union Soviétique, ne tolère pas cette insurrection en Yougoslavie. Surtout que dans le sud-est de l'Europe, la Grèce résiste courageusement à l'Italie depuis octobre 1940. Et le 6 avril 1941, l'aviation allemande bombarde Belgrade. C'est un carnage. La Wehrmacht, avec l'appui des forces italiennes, hongroises et bulgares, envahit ensuite la Yougoslavie.
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Speaker
En 11 jours, l'armée jugoslave capitule. Cette campagne menait en même temps que l'invasion en Grèce retarde l'opération Barbarossa, la gigantesque offensive à l'est du Führer, ce qui aurait d'après certains affecté l'issue de la guerre. Le pays est alors démantelé. L'Italie annexe le sud de la Slovénie, une partie de la Dalmatie, le Monténégro, le Kosovo et l'ouest de la Macédole.
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Speaker
La Bulgarie occupe le reste de la Macédoine et certaines régions serbes. La Anglée quant à elle prend des territoires serbes, croates et slovenes tandis que l'Allemagne contrôle le nord de la Slovénie. Reste la Serbie occupée un peu sur le modèle français et l'état indépendant de la Croatie qui s'étend de la Slavonie et à l'ensemble de la Bosnie-Arzégovine. Le roi et le gouvernement jugoslave s'enfuit eux depuis Nikšić au Monténégro vers le Moyen-Orient puis en Afrique du Nord avant finalement d'installer un gouvernement en exil à Londres.
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Speaker
Le 10 avril 1941, à peine 4 jours après le début des bombardements sur la capitale jugoslave, l'état indépendant de Croatie est proclamé par les ostachis d'Antepavelić. Ils instaurent le régime fasciste le plus sanglant de la seconde guerre mondiale, sans pour autant vraiment avoir le soutien de la population mais avec le soutien d'une partie du clergé.
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Speaker
La stratégie des Oustachis pour créer une Croatie ethniquement pure et simple. Convertir de force au catholicisme un tiers des serbes, en expulser un tiers et tuer le dernier tiers. De nombreux massacres de masse sont alors perpétrés et des camps de concentration sont ouverts, dont le plus connu celui de Jasenovac. On se débarrasse alors de tous les opposants régime. La cruauté du régime Oustachis est sans limite, imitant la solution finale nazie avant même que cette dernière ne soit mise en place par le Troisième Reich.
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Speaker
C'est un véritable génocide qui est mis en place contre tout ce qui n'est pas ostachique. Un décret interdit l'emploi de l'alphabet cyrillique, un autre supprime l'égalité des cultes et de la liberté de conscience. On ferme les écoles confessionnelles orthodoxes, on interdit aux serbes l'accès à l'armée, à la vie politique, il y a de nombreuses professions. Dans certains villages, les serbes doivent même porter un brassard. Les mêmes mesures sont prises contre les juifs et contre les tziganes.
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Speaker
Ce régime de terreur pousse alors de nombreux Croates et surtout les populations rurales à rejoindre la résistance. Les Croates deviendront d'ailleurs au cours de la guerre la force principale de résistance en Yougoslavie. En Serbie, un gouvernement collaborationniste qui est présidé par Milan Nedic est alors mis en place.
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Speaker
Ils essayent de protéger le peuple serbe de l'anéantissement et de sauver ce qui peut l'être. Depuis la Serbie, commencent alors à s'organiser des forces de résistance dès le début de l'occupation. On a d'ailleurs la toute première initiative de résistance en Yougoslavie avec les Tchétnik dès le 11 mai 1931. Ils sont menés par Draža Mihailović, ils sont serbes, monarchistes, anticommunistes, fidèles au gouvernement royal en exil, ils ménagent souvent les allemands pour éviter les représailles contre les populations civiles et ils préfèrent se concentrer sur la préservation de leurs forces pour une future victoire à l'île.
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Speaker
Draža Mihailović sera d'ailleurs nommé Ministre de la Défense par le gouvernement royal en exil le 11 janvier 1942. Et à partir de l'attaque allemande conclue RSS, le 22 juin 1941, un nouveau mouvement de résistance prend forme avec le Parti communiste jugoslave interdit quelques années plus tôt, qui devient alors le mouvement des partisans. Il est dirigé par le secrétaire du Parti communiste de jugoslavie, qui n'est autre que le Croat Josip Broz di Tito.
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Speaker
Les partisans de Tito eux sont multinationaux, ils sont communistes, ils mènent des actions directes contre les occupants et ils passent leur temps à se déplacer d'un lieu à un autre en réussissant toujours à se sauver et ainsi à faire échec à l'axe. La première grande zone d'implantation des partisans, elle se situe au sud-ouest de la Serbie, à Užice, Tito établit alors son premier quartier général qu'il renomme la République d'Užice. À l'automne 1941, alors que les tchétniks sont aussi dans la région, il y a alors deux rencontres entre Tito et Mihailović.
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Speaker
une âge trouganique, l'autre à Brajec. Mihailović joue alors un jeu politique à deux faces en discutant à la fois avec les partisans mais aussi avec les ustachis, avec les italiens ainsi qu'avec les allemands. Ces derniers envoient d'ailleurs plusieurs divisions à Užice et la ville est reprise en décembre 1941. Les partisans sont alors chassés de la Serbie.
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Speaker
Au cours de la guerre, les tchétniques se battent de moins en moins contre les allemands et de plus en plus contre les partisans et les ostachis. Ils collaborent notamment avec les italiens qui les aident contre les ostachis en Dalmatie. La capitulation de l'Italie le 8 septembre 1943 permet alors aux partisans de récupérer un armement de guerre important et de définitivement bénéficier du soutien britannique.
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Speaker
Car à l'époque, tout en menant une guérilla contre l'occupant, les partisans mènent surtout une propagande idéologique dans le but de permettre une large adhésion de la population à leurs idées, ce qui influencera d'ailleurs le choix des alliés occidentaux. Le 29 novembre 1943, Tito crée à Yaitse, à l'occasion de la seconde session du Conseil antifasciste de la Libération nationale de la Youdoslavie, le Havnoy, un comité de libération nationale, sorte de gouvernement provisoire dont Tito assure la présidence.
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Speaker
Le principe de l'organisation fédérale de la future Yougoslavie est alors proclamé et c'est cette date qui est considérée comme celle de la fondation de la Yougoslavie titiste. Initialement, les alliés britanniques et soviétiques soutiennent les tchétniks, mais constatant l'efficacité des partisans aidés en cela par la propagande des alliés de Tito, les britanniques lui transfèrent alors leur soutien à partir de 1943 pour finalement être complètement retirés aux tchétniks en 1944.
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Speaker
Le général britannique Fitzroy Maclean est d'ailleurs parachuté auprès des partisans pour aider Tito à maximiser les pertes infligées aux Allemands. Tito sera notamment sauvé d'une offensive allemande par un avion britannique pour l'installer sur l'île de Vise au large de Split sous la protection de navires et avions alliés. Des tractations ont alors lieu entre le gouvernement royal qui est installé à Londres ainsi que les partisans sous la pression de Churchill. L'accord qui est pris laisse alors en suspens la question de la monarchie. Il prévoit diverses formes de coopération entre les deux pouvoirs.
00:25:10
Speaker
et surtout il condamne la collaboration avec l'ennemi, ce qui est alors un désaveu total de Mihailović. Le 20 octobre 1944, les partisans grâce à l'appui de l'armée rouge libèrent Belgrade et c'est seulement à la capitulation de l'Allemagne en mai 1945
00:25:25
Speaker
Et alors que des combats ont encore lieu en Bosnie, en Croatie et en Slovénie, que la guerre prend fin dans les Balkans. Tito contrôle toute la Yougoslavie et il met à l'écart le roi. Il devient chef du gouvernement et lance des purges violentes contre ses opposants. Mihailović qui tient le maquis est capturé le 13 mars 1946. Il est jugé et condamné à mort le 14 juillet puis fusillé le 17 juillet 1946.
00:25:50
Speaker
Le rôle de Mihailović et des tchétniks est encore aujourd'hui sujet à controverse. Certains tchétniks ont collaboré avec les allemands, des crimes leur sont imputés. Ils ont aussi d'un autre côté sauvé de nombreuses vies, dont des militaires américains. On sait aussi que Mihailović a rencontré des dirigeants allemands. Pour autant, a-t-il collaboré ?
00:26:06
Speaker
Le général de Gaulle a lui en tout cas toujours refusé de rencontrer le maréchal Tito, le considérant responsable du procès truqué et de l'exécution de Draža Mihailović. Ce que l'on sait en tout cas, c'est que Mihailović n'a jamais réussi à contrôler ce qui se réclamait de lui et c'est en partie ce qui lui a fait perdre la confiance des aigus.
00:26:21
Speaker
Le nombre total de victimes est lui aussi un sujet de polémique. Les chiffres officiels parlent de 1,7 million de victimes. Pourtant, deux chercheurs indépendants estimeux à environ 1 million le nombre de victimes de la seconde guerre mondiale en Yougoslavie. Il s'agit d'une des régions les plus touchées par ce conflit. Et tous les mouvements ont leurs responsabilités dans ces crimes de masse, souvent procédés d'humiliation, de viol ou encore de torture.
00:26:44
Speaker
Les ostachis contre leurs opposants, contre les serbes, les musulmans, les roms et les tiganes, les tchétniks contre les croates, les musulmans et les partisans, mais aussi les partisans contre leurs opposants politiques, y compris d'anciens militants communistes, ainsi que contre des albanais ou bien des croates lors du massacre de Blaiburg à la fin de la guerre. Ils procédaient eux aussi à des exécutions massives, ils brûlèrent des villages, les partisans ont commis de nombreuses exactions à la fin de la guerre.
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Speaker
toute la Yougoslavie en recréant des camps. Pendant toute la guerre, les viols sont systématiques sur les femmes de la part de toutes les armées et de tous les mouvements de résistance.
00:27:22
Speaker
Le 29 novembre 1945, la république populaire fédérative de Yougoslavie est officiellement proclamée après l'abolition officielle de la monarchie. Tito et ses partisans prennent le pouvoir en Yougoslavie après la seconde guerre mondiale. Josip Broz est le 7 mai 1892 à Kumrovets, un petit village en Croatie, d'une mer croate et d'un père sloven. On en parlait plus tôt dans la vidéo. Il est enrôlé en 1914 dans l'armée autrichienne. Il est ensuite fait prisonnier par les Russes.
00:27:52
Speaker
Suite à de nombreuses aventures en Russie, ce pays garde d'ailleurs pour lui une place précieuse et à jamais gravé dans son cœur. Il retourne en Yougoslavie en 1937, il prend l'or la tête du parti communiste Yougoslave, qui est intronisé à l'époque par Stalin, qui a fait exécuter Milan Gorkych, l'ancien secrétaire général du parti. Dès sa prise de pouvoir en Yougoslavie en 1945, Tito instaure un régime autoritaire. Il élimine rapidement ses opposants politiques, il impose un parti unique et il supprime les libertés.
00:28:20
Speaker
L'économie du pays elle est alors essentiellement agricole au lendemain de la seconde guerre mondiale et elle s'industrialise dans les années 40 et 50, principalement en Slovénie, en Serbie et en Croatie. Dès sa prise de pouvoir, Tito se montre indiscipliné vis-vis des consignes de Staline, il souhaite garder son autonomie. Les soviétiques tentent alors de soumettre l'état jugoslave comme ils l'ont fait avec les autres puissances dehors de l'est, mais Tito résiste.
00:28:42
Speaker
Dans les premières années de l'après-guerre, l'aide soviétique est néanmoins déterminante pour la reconstruction de la Yougoslavie. Il faut se souvenir que déjà au cours de la seconde guerre mondiale, les relations entre Tito et Staline sont compliquées. Staline soutient plutôt le gouvernement Yougoslave en exil, et surtout les tchétniks de Mihailović.
00:28:58
Speaker
ce qui déplait fortement à Tito. Au sortir de la guerre en 1945, les deux hommes signent alors un traité d'amitié, mais suite à des revendications territoriales de Tito, notamment la ville de Trieste en Italie ou encore des régions hongroises ou autrichiennes, Staline qualifie alors la politique étrangère de la Yougoslavie de déraisonnable. En 1946, Tito signe un traité avec l'Albanie. Il souhaite alors l'intégrer à la Yougoslavie. Puis en août 1947, il signe aussi avec la Bulgarie un autre traité d'amitié et d'assistance mutuelle sans consulter les soviétiques.
00:29:28
Speaker
Un échange de lettres de plus en plus tendu entre Staline et Tito marque alors la rupture. Le conflit devient public en 1948 et Staline lance alors une campagne de propagande contre Tito qui est de son côté soutenue par son peuple et par les Etats-Unis qui accorbe des aides à la Yougoslavie. Staline tente alors plusieurs fois de faire assassiner le dirigeant Yougoslave sans succès. Finalement, l'Albanie et la Bulgarie se détournent la Yougoslavie et elle s'aligne entièrement sur l'Union Soviétique.
00:29:54
Speaker
Des purges ont alors lieu en Yougoslavie contre les proches de Stalin. En novembre 1952, lors de son 6ème congrès à Zagreb, le Parti Communiste de Yougoslavie prend alors le nom de Ligue des Communistes de Yougoslavie pour se distinguer des autres partis communistes européens.
00:30:09
Speaker
Cette rupture avec Staline va alors permettre à Tito de mettre en place une politique totalement différente du communisme sur deux points, le premier qui est la politique de non-alignement et le second qui est la politique d'auto-gestion. Parlons donc tout d'abord de la politique de non-alignement de Tito. Cette politique lui permet à la fois de s'éloigner des blocs communistes et des blocs capitalistes.
00:30:29
Speaker
du 18 au 20 juillet 1956 sur l'île de Brioni, le président égyptien Nasser ainsi que le premier ministre indien Nehru afin de signer la déclaration de Brioni qui acte alors la création du mouvement des Non-Alignés. Et c'est finalement à l'occasion de la conférence de Belgrade qui a lieu du 1er au 6 septembre 1961
00:30:47
Speaker
qu'a lieu le premier sommet de la conférence des pays non alignés auxquels 25 pays participent dont l'Algérie, Cuba, Chypre ou encore le Liban. Ces pays forment alors le mouvement des non alignés qui jouent un rôle crucial sur la scène internationale. Cette position unique qui permet à la Yougoslavie de gagner en influence mondiale et surtout en prestige.
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Speaker
L'objectif de ce mouvement il est alors de préserver la sécurité ainsi que la souveraineté nationale de ses membres contre l'impérialisme et le colonialisme, mais aussi de permettre des échanges économiques et culturels. Ce mouvement qui est au cours de la guerre froide vise surtout à regrouper les États qui ne se considèrent alignés ni sur le bloc de l'Est ni sur le bloc de l'Ouest. Il existe d'ailleurs encore aujourd'hui. Du côté de la politique intérieure de Tito en Yougoslavie et alors que le gouvernement Yougoslave adopte dès 1945 le modèle politique et économique soviétique,
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Speaker
Une réorientation radicale est alors entamée dès les années 50 et la rupture avec l'état soviétique. Tito introduit le 27 juin 1950 une loi qui instaure un modèle économique unique, le socialisme autogéré ou l'autogestion. C'est un système les travailleurs gèrent les entreprises. Une expérience unique pour montrer qu'une autre voie que le capitalisme ou le communisme est possible.
00:31:58
Speaker
Ce système permet d'ailleurs une plus grande autonomie et un pas vers l'économie de marché. Dans les faits, le système est organisé de la façon suivante. On a un conseil ouvrier qui est responsable de la gestion, qui est élu par la communauté des travailleurs pour deux ans, qui décide de toutes les grandes questions concernant le statut juridique et les activités de l'entreprise. Il ne peut prendre de décision que lors des sessions qui sont convoquées par son président. Le directeur, quant à lui, il est élu par le conseil ouvrier par voie de concours publics. Il représente l'entreprise et a la responsabilité de la légalité de ses activités.
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Speaker
Malgré des avancées en termes de conditions de vie et d'approvisionnement, l'autogestion reste limitée par le contrôle du parti et les ressources elles sont souvent gaspillées. Les vieilles discordes resurgissent entre nationalités et c'est que le bas blesse car en fait la vraie désignation du directeur est faite par le parti sur des critères de conformisme politique.
00:32:47
Speaker
Les années 60 à 70 voient des réformes économiques et des tentatives de décentralisation pour répondre aux déséquilibres régionaux. Le nord de la Yougoslavie est effectivement plus riche grâce à son industrialisation et grâce au tourisme, alors que le sud est lui sous-développé. Au fil des années, les compétences propres des républiques deviennent de plus en plus importantes, mais celles de la fédération elles s'amouindissent.
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Speaker
Tito n'intervient alors plus que par moment comme arbitre. Il organise la Yougoslavie en une fédération de 6 républiques, la Slovénie, la Croatie, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et la Macédoine, ainsi que deux provinces autonomes, la Vojvodina et le Kosovo. Mais les tensions entre les peuples Yougoslaves sont toujours bien présentes. Les Serbes se sentent désavantagés, les Croates quant à eux réclament la reconnaissance de leur spécificité culturelle et les Albanais du Kosovo y demandent un statut de république.
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Speaker
Il y a aussi des désaccords sur le partage des ressources et des investissements entre les républiques du nord et du sud. Malgré une répression sévère des mouvements nationalistes, les tensions continuent de s'aggraver. Et dès le début de l'année 1970 émergent en république de Croatie le printemps croate qui durera jusqu la fin de l'année 1971. L'objectif de ce mouvement qui a d'ailleurs commencé à émerger dès 1966 et qui est porté notamment par la fondation de la promotion de la culture croate, Matica Rvatska,
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Speaker
réclame la décentralisation et la libéralisation dans plusieurs domaines. D'abord le domaine culturel avec l'utilisation du croate, puis dans le domaine politique avec des changements institutionnels ainsi qu'une meilleure représentation des croates dans l'administration, et surtout dans le domaine économique avec la remise en cause de la redistribution économique en Yougoslavie.
00:34:19
Speaker
Pour appuyer ce mouvement, l'Union des étudiants de Zagreb décide alors d'une grève massive qui commence le 22 novembre 1971 et qui touche plus de 30 000 étudiants dans toute la République croate. C'est alors l'époque des mouvements étudiants dans toute l'Europe trois ans après mai 68. Bien qu'en juin 68, des mouvements de contestation étudiants ont lieu à Belgrade, à Zagreb, à Sarajevo ou encore à Ljubljana contre la bourgeoisie rouge rapidement étouffée par le parti.
00:34:43
Speaker
Finalement, Tito met un terme à ce mouvement comme il sait le faire, en le faisant taire. Le 1er décembre 1971, il demande la démission de la présidence croate. Pendant qu Zagreb, la police disperse les étudiants qui manifestent contre cette démission. La répression continue, avec l'interdiction de l'institution Matitsa Hrvatska, celle de plusieurs journaux et surtout des purges massives dans le parti et de nombreuses arrestations.
00:35:05
Speaker
Le fédéralisme s'accentue avec la constitution entrée en vigueur le 21 février 1974, qui est la plus longue du monde, qui renforce l'autonomie des républiques et des provinces autonomes. La Serbie perd à ce moment-là tout droit de regard sur les affaires internes du Kosovo. L'exécutif est alors dirigé par une présidence collégiale avec Tito comme président à vie et huit autres membres, un pour chacune des huit entités. Effectivement, même les provinces ont un représentant. Le pouvoir législatif est quant à lui toujours exercé par deux chambres.
00:35:32
Speaker
Enfin, les provinces autonomes du Kosovo et de Voivodin voient leur situation juridique devenir presque identique à celle des républiques. 1979 sera l'année du tournant. Les courbes de croissance s'inversent et le pays commence à s'appauvrir. A partir de cette date, la crise économique ne cesse de s'aggraver et dès le début des années 80, on va apparaître de plus en plus de pénuries dans tout le pays.
00:36:11
Speaker
Nous sommes le 4 mai 1980. Il est 15h05.
00:36:42
Speaker
Drogh Tito est mort. C'est l'aventure du comité central de l'Association communiste de Yugoslavia et le Président de l'Association fédérative de la République de Yugoslavia, de la classe des travailleurs, des gens et des citoyens, des nations et des nationalités de l'Association fédérative.
00:37:00
Speaker
Josip Broz, dit Tito, président avit que la Yougoslavie décède après une longue agonie. Hospitalisé dès le mois de janvier 1980 à Ljubljana, l'état de santé du président se détériore au fil des mois. Il subit notamment une amputation et ne pèse plus que 40 kilos lorsqu'il s'éteint.
00:37:18
Speaker
L'hommage national qui suit sa mort dure 7 jours durant lesquels sa dépouille part à bord du train bleu, le train personnel du maréchal, depuis Ljubljana pour rejoindre Belgrade en passant par Zagreb. Partout le train passe, des haies humaines se forment au bord des voies, même dans les champs les gens se tiennent debout sous la pluie. Des millions de Yougoslavs vont se recueillir et s'incliner sur la dépouille de Tito au parlement fédéral à Belgrade il est exposé quelques jours pour un hommage populaire.
00:37:44
Speaker
Les funérailles de Tito à Belgrade le 8 mai 1980 sont un grand événement médiatique suivi par des centaines de millions de téléspectateurs à travers le monde avec la présence de plus d'une centaine de dirigeants internationaux dont Yasser Arafat, Margaret Thatcher ou encore Leonid Brezhnev.
00:37:59
Speaker
A noter l'apparition publique de l'épouse de Tito, Jovan Cabros, qui avait été éloigné du président par les services secrets et vivait en résidence surveillée depuis 1977. Enfin, l'absence des présidents françaises et américains Giscard et Carter se racontait à elle très critiquée.
00:38:15
Speaker
Tito a choisi de reposer dans l'enceinte de ce qui fut sa résidence privée depuis 1944 dans la Maison des Fleurs rue Užička à Belgrade. Sa sépulture est d'ailleurs encore accessible aujourd'hui en visitant le Musée d'Histoire de la Yougoslavie. Tito n'a volontairement désigné aucun successeur direct, ce qui exacerbe alors le vide de pouvoir. Il a opté dans la constitution de 74 pour un système de gouvernance collégiale qui est basé sur la rotation annuelle de la présidence parmi les huit membres de la présidence fédérale.
00:38:42
Speaker
chacun représentant une des républiques ou provinces autonomes du pays comme on l'avait vu un peu plus tôt. Ce modèle il vise à éviter la concentration du pouvoir et à préserver l'équilibre entre les différentes composantes ethniques et régionales de la Yougoslavie. Le système de rotation qui est censé assurer la stabilité révèle alors rapidement ses limites comme l'on pouvait s'y attendre.
00:39:01
Speaker
Effectivement, le premier titulaire de la présidence tournante, selon la règle établie, devait être le macédonien Lazare Kolisevski, lui finalement remplacé par le serbe de Bosnie, Svijetin Mijatović. Malgré le décès de Tito, la répression contre les activités juges nationalistes, elle se poursuit. En 1981, c'est alors l'historien croate Fragno Tudjman, qui a déjà été emprisonné lors du printemps croate, qui est à nouveau condamné à trois ans de prison pour une interview donnée à un journaliste suédois. En 1983, à Sarajevo,
00:39:30
Speaker
Un groupe d'intellectuels musulmans dont l'avocat Alija Izetbegovic est jugé pour activité nationaliste. Retenez bien ces deux noms. Mais les événements les plus graves se déroulent comme d'habitude au Kosovo. Une province à majorité albanaise mais considérée comme le berceau historique de la nation serbe. Les tensions entre les Albanais qui se sentent dominés et occupés par les Serbes, et par les Serbes qui s'estiment eux mal protégés par les autorités locales, s'intensifient. Les Albanais revendiquent un statut égalitaire avec la création d'une république du Kosovo.
00:39:59
Speaker
En mars-avril 1980, des troubles éclatent à l'université de Pristina et les émeutes étudiantes se propagent rapidement aux mineurs, aux ouvriers ainsi qu l'ensemble des villes du Kosovo. Les manifestations qui sont parfois violentes et armées entraînent alors la destruction d'usines et des combats avec l'armée jugoslave envoyée pour rétablir l'ordre.
00:40:18
Speaker
Parallèlement aux troupes politiques, la Yougoslavie, elle fait face toujours à une crise économique croissante. Sa dette extérieure augmente et les réformes économiques qui ont été initiées dans les années 60 et 70 ne produisent aucun effet. Les années 80 sont alors marquées par des difficultés économiques sévères avec de l'inflation, un chômage en hausse et une baisse du niveau de vie, ce qui exacerbe alors les frustrations et les tensions sociales. Cette période de l'après-titaux, elle voit surtout une montée des nationalismes dans les différentes républiques et provinces de la Yougoslavie et surtout,
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Speaker
une volonté d'indépendance. Les tensions ethniques qui sont alimentées par les difficultés économiques et par l'absence d'une autorité centrale forte se renforcent. Les répressions répétées ainsi que les violences inter-ethniques, comme celles observées au Kosovo, témoignent alors de la fragilité du système politique qui est héritée de Tito. Malgré tout, au milieu des années 80, la Fédération Yougoslave tient encore. Mais jusqu quand ?
00:41:12
Speaker
Comme dans un jeu de domino, l'Europe vit à la fin des années 80 la chute des régimes communistes les uns après les autres. La chute du mur de Berlin en novembre 1989 résonne profondément en Yougoslavie. Les aspirations à la liberté, à l'autonomie et à un nouvel avenir politique et économique prennent alors de l'ampleur. En Serbie se met en place ce qu'on appelle la révolution culturelle serbe. Elle commence avec la circulation dans la milieu politique du Mémorandum de l'Académie Serbe des Sciences et des Arts en 1986,
00:41:42
Speaker
qui critique ouvertement la position des Serbes au sein de la fédération. Ce texte qui a été élaboré secrètement ne se trouve encore qu l'état de brouillon lorsqu'un journal belgradois le rend public en 1986. La première partie de ce document impute l'échec de l'autogestion à la fédération de Tito et préconise un retour au centralisme. Quant à la seconde partie, elle est beaucoup plus explosive et condamne le découpage des républiques et provinces comme une injustice contre les Serbes. Elle souhaite d'ailleurs la création d'une grande Serbie
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Speaker
avec en ligne de mire le Kosovo et la Bosnia-Zégovina. Dans le même temps, Slobodan Milošević, aparatique du parti communiste dont la carrière doit beaucoup à la famille de sa femme, Mira Markovic, grimpe les échelons du parti pour arriver en mai 1986
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Speaker
jusqu'au poste de Présidium du Comité Central de la Ligue des Communistes de Serbie. Bien que condamnés par les dirigeants communistes serbes, l'entourage de Milošević soutient le Mémorandum et il va même s'en servir dans sa conquête vers le pouvoir. Milošević sélectionne alors deux thèmes du Mémorandum sur lesquels il va mobiliser les foules. En premier, la lutte contre les privilèges de la nomenclatura,
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Speaker
et en second, la protestation contre le sort qui est fait aux habitants serbes du Kosovo. A partir du 24 avril 1987, la popularité de Milošević monte alors en flèche. Ce jour-là, il se rend à Kosovo-Polier pour y rencontrer 15 000 nationalistes serbes qui sont rassemblés devant la Maison de la Culture. A cette époque, la minorité de serbes qui vit au Kosovo, elle se dit victime de violences dans la province. Violences qui étaient passées sous silence, sous-titreux. Délibérément,
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Speaker
La salle choisie qui accueille les débats est trop exiguée afin que des incidents éclatent avec la police à majorité albanaise du Kosovo. Les citoyens riposte et pour calmer le jeu, Milošević apparaît devant la foule pour leur apporter son soutien. Personne n'a le droit de vous battre, lance-t-il la voix tremblante d'émotion.
00:43:31
Speaker
C'est un triomphe, il magnétise la foule, devient l'objet d'un culte de la personnalité habilement mis en scène par la télévision et se vise alors au rang de héros national. A partir de ce moment là, et surfant sur sa popularité nouvelle, il organise en sa faveur de grandes manifestations de foule, des meetings qui attirent des milliers de serbes à travers toute la Yougoslavie et qui renforcent son image de défenseur de la nation. C'est alors le début de la révolution anti-bürocratique.
00:43:56
Speaker
Il place ses partisans au poste clé des différentes provinces et en mars 1989, il met alors fin à l'autonomie du Kosovo. On assiste alors à une reconversion idéologique de la Ligue des Communistes de Serbie qui dérive du communisme vers un nationalisme et un autoritarisme en s'appuyant sur le peuple serbe. Quatre entités fédérales sont alors entre les mains des partisans de Milošević sur les huit que compte la Yougoslavie. La Serbie, le Monténégro ainsi que les deux provinces autonomes, la Vojvodina et le Kosovo.
00:44:25
Speaker
Le 8 mai 1989, Milošević est alors élu président de la République Socialiste de Serbie. Puis le 28 juin 1989, c'est l'apothéose de la série des meetings pour célébrer les 600 ans de la bataille de Kosovo-Polie. Un million de serbes s'y rassemblent et acclament un discours triomphal de Milošević il évoque la grandeur passée des serbes et promet de protéger leurs intérêts. La Slovénie de son côté, elle amorce une transition démocratique en 1989.
00:44:52
Speaker
Peu à peu, l'opinion publique slovenne se convainc que la Slovénie est perdante dans sa participation à l'économie jugoslave. Cette transition passe alors par la liberté d'expression dans les médias et la formation de nouveaux partis politiques. Le diagnostic est en partie le même qu'en Serbie en dénonçant l'omnipotence, la corruption et l'incompétence des dirigeants. Pourtant, les remèdes proposés vont dans un tout autre sens.
00:45:15
Speaker
Les dirigeants communistes slovenes ne combattent pas cette évolution, au contraire, ils l'acceptent et ils l'encouragent. Le 27 septembre 1989, l'Assemblée générale de la République jugoslave de Slovénie adopte alors un amendement à sa constitution qui accorde le droit à la Slovénie de faire sécession de la jugoslavie. En 1989, la Croatie de son côté s'engage plus lentement et plus timidement dans la même voie que la Slovénie. Le principe de pluripartisme sera accepté que seulement au cours du mois de décembre par la Ligue des Communistes Croates,
00:45:43
Speaker
et seulement sous le coup de la chute du communisme dans les pays voisins. La fédération d'Yugoslavie, elle continue de fonctionner avec sa présidence tournante. Or, la situation économique est catastrophique. En décembre 1989, le nouveau dirigeant de la fédération, le croat Ante Markovic, présente un plan économique draconien qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 1990. Ces mesures seront couronnées de succès quelques mois plus tard avec la baisse de l'inflation, mais il est déjà trop tard.
00:46:09
Speaker
Le 20 janvier 1990 se tient alors le 14e congrès de la Ligue des Communistes de Yougoslavie dans une atmosphère de crise. Le document préparatoire de ce congrès prévoit la fin du socialisme autoritaire, la liberté de parole et d'associations, ainsi que des élections libres la Ligue des Communistes de Yougoslavie ferait campagne à armes égales avec les formations concurrentes. D'emblée, les débats sont aussi violents que confus.
00:46:32
Speaker
Pourtant, il y a presque une unanimité dans le vote abolissant le rôle dirigeant du parti. Mais dans d'autres scrutins, certaines dispositions libérales sont amendées dans un sens restrictif par les partisans de Milošević. Ce qui montre qu'ils sont hostiles à un pluripartisme idéal. Le 23 janvier, les slovenes présentent un texte prévoyant la restructuration du parti fédéral, de façon à donner en fait une pleine indépendance aux partis de chaque république. Après le rejet de ce texte,
00:46:57
Speaker
La délégation de la Slovénie quitte le congrès, rapidement suivie par celle de la Croatie. Les Slovénes annoncent alors qu'ils auront tout lien avec la ligue des communistes de Yougoslavie. Milošević propose lui de continuer le congrès sans eux, mais il n'obtient pas gain de cause et le congrès s'ajoute. Au Kosovo, il y a alors une flambée de violence dès le lendemain de la clôture du congrès. Le 24 janvier 1990,
00:47:17
Speaker
40 000 albanais manifestent à Pristina pour réclamer des élections pluripartites, pour réclamer l'égalité des droits, mais surtout la libération des prisonniers politiques et la fin de l'état d'urgence. La répression fait alors une vingtaine de morts. De leur côté, les communistes slovennes coupent les ponts avec la ligue des communistes de Yougoslavie.
00:47:33
Speaker
Elles ront ainsi avec son passé communiste et surtout, elles ront avec Milošević, dans l'optique des élections libres qui sont prévues au mois d'avril, qui sont des élections législatives et présidentielles directes à deux tours selon le modèle français. Une coalition est alors créée entre la plupart des nouveaux partis sous le nom de Demos. Elles s'opposent aux partis communistes et elles gagnent les élections législatives avec 55% des voix contre 17% aux communistes.
00:47:56
Speaker
Pourtant, aux élections présidentielles, c'est le candidat du PC qui l'emporte, Milan Kuchan contre le candidat de Demos, le social-démocrate Jože Pucznik. Un référendum sur l'indépendance est organisé le 23 décembre 1990 avec 93,5% de votants, 94,6% des voix acceptent alors le projet d'indépendance de la Slovénie et de sécession d'avec la Yougoslavie.
00:48:18
Speaker
De leur côté, en Croatie, des élections multiparties t'ont lieu le 22 avril et le 7 mai 1990. Le HDZ de Franjo Tudjman mène alors une campagne axée sur la réhabilitation de la nation croate, de son passé historique et de ses symboles. Un de ses symboles, c'est notamment le drapeau croate avec l'emblème national de l'échiquier à 25 carreaux blancs et rouges. Ce blason y figure dans le sceau du royaume de Croatie tel qu'on peut le voir sur une charte de 1527 et après 1918 on le retrouve aussi dans les armoiries du royaume de Yugoslavia.
00:48:48
Speaker
Mais il était aussi sur le drapeau de l'état indépendant de la Croatie Dante Pavelić pendant la guerre. Le HDZ fait alors valoir que 4 ans d'utilisation par le régime fasciste pèsent peu auprès de 4 siècles d'histoire. Mais les serbes ont horreur de ce qui est pour eux l'emblème des massacres. En guise de concessions, le HDZ décide que pour distinguer son blason de celui des ostachis, on commencera en haut et à gauche par un carreau rouge et non par un bleu. Quand la campagne commence en Croatie en janvier 1990,
00:49:16
Speaker
Trois ans de meetings serbes ont déjà créé une situation irréversible pour les serbes de Croatie ils ont entendu les récits sur le Kosovo. Ils s'enflamment alors pour le sort de leurs lointains compatriotes et font des rapprochements avec leur propre situation. C'est finalement le HDZ qui emporte les élections avec 193 sièges devant les communistes et devant une coalition de nouveaux partis. Le président est élu par le parlement et c'est Flanjo Tudjman qui prend la présidence de la Croatie le 30 mai 1990.
00:49:44
Speaker
Les manifestations de joie à Zagreb sont contrastées avec les premiers incidents de violence entre Croates et Serbes de Croatie. Des amendements constitutionnels sont ensuite votés en juillet, la République ne s'appelle plus socialiste, le drapeau avec l'échiquier est adopté et surtout il est prévu que la langue officielle soit le Croate écrit en alphabet latin. L'usage officiel de l'alphabet cyrillique n'est prévu alors seulement que pour les régions les Serbes sont majoritaires.
00:50:06
Speaker
Enfin, la nouvelle constitution est adoptée en Croatie en décembre. Le pouvoir croate reprend la main dans les administrations, dans la direction des entreprises, dans les médias, en plaçant des cadres jugés incompétents ou trop politisés, souvent communistes ou serbes d'ailleurs. D'où le sentiment qui se répand dans la population serbe qu'elle est victime de discrimination. Le souvenir des massacres de 1941 ressurgissent.
00:50:27
Speaker
toutes ces craintes sont soigneusement entretenues par la propagande de Belgrade. La télévision et la presse serbes assimilent continuellement le HDZ aux Oustachis, elles traitent Fragno Tuchman de fasciste, l'accusent de vouloir préparer un nouveau génocide. L'amalgame si souvent fait sous Tito entre dissidents croates et Oustachis est repris de plus belle et amplifiée. Le 19 août 1990, les serbes de Croatie organisent de leur côté un référendum non reconnu par les Croates dans la région de la ville de Knin dans l'arrière pays d'Almate.
00:50:55
Speaker
Ce soulèvement de la population serbe de Croatie à Knin est aussi connu sous le nom de révolution des rondins, car en plein milieu de la saison touristique en Croatie, de nombreuses routes sont alors obstruées par des rondins de bois afin d'empêcher la police croate de perturber le référendum serbe sur l'autonomie.
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Elle proclame alors son autonomie sous le nom de Région Autonome Serbe de Krajina le 21 décembre 1990 et plus tard son rattachement à la Serbe. Du côté de la Bosnière Zégovine, les élections multipartites qui se tiennent les 10 novembre et 9 décembre conduisent alors à la formation d'une présidence tripartite, une tentative de représenter équitablement les trois principaux groupes ethniques, bosniaques, croates et serbes. Par accord entre les trois parties, c'est le musulman Alija Izetbegovic qui a été élu président de la République.
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Speaker
Le président du parlement est serbe et le premier ministre croate. La bonne entente des partis paraît d'ailleurs comme une sorte de miracle dans une Yougoslavie qui se déchire. Du côté de la Macédoine, les élections ont lieu les 12 novembre et 9 décembre et c'est le VMRO qui l'emporte mais sans majorité. Ils ont repris le nom prestigieux de l'ancien mouvement de résistance affilié au terrorisme au début du siècle.
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Speaker
Après de longues négociations, un compromis est finalement trouvé entre tous les partis, sauf le parti albanais qui est exclu des discussions. Et c'est alors le communiste Kiro Grigorov qui est élu président avec un vice-président issu du VMRO. Le Monténégro étroitement lié à la Serbie vote en même temps qu'elle au mois de décembre 1990.
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Speaker
Les communistes y gagnent 83 des 125 sièges au parlement et leur candidat, Momir Bulatović, y est élu avec 77% des voix lors du second tour des élections présidentielles. La Serbie, enfin, cherche à retarder le plus possible les élections afin de mieux assurer l'emprise serbe sur le Kosovo par une réforme constitutionnelle afin de mettre fin à l'autonomie de ses provinces et de les annexer à la Serbie. Le 2 juillet 1990,
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Elle organise un référendum pour approuver une nouvelle constitution. 96,8% des votants l'approuvent, avec 86% de participation en Serbie contre seulement 25% au Kosovo, les Albanais ont presque complètement boycotté les urnes. Le même jour,
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114 députés albanais de l'assemblée du Kosovo proclament son indépendance par rapport à la Serbie. L'assemblée serbe réplique le 5 juillet en prononçant la dissolution de l'assemblée et du gouvernement de la province. Mais l'assemblée serbe avait déjà sévié le 26 juin. Elle exerce alors par avance des pouvoirs qu'elle ne possède pas encore en suspendant le gouvernement et le parlement du Kosovo au nom de circonstances spéciales. Une grève générale éclate en septembre qui touche près de 200 000 travailleurs albanais.
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Speaker
Un grand nombre sont révoqués ou arrêtés. Il y a deux morts. Les députés se réunissent clandestinement sous l'impulsion d'Ibrahim Rougova, surnommé le Gandhi des Balkans, pour proclamer la constitution du Kosovo. Plusieurs d'entre eux sont arrêtés et traduits en justice. D'autres, quant à eux, se réfugient en Croatie et en Slovénie.
00:53:39
Speaker
Au moment la Croatie essaie vainement de dialoguer avec sa minorité serbe qui demande son autonomie et qui voit cette minorité recourir à la violence, la Serbie quant à elle supprime l'autonomie de sa minorité albanaise et surtout refuse tout dialogue et renforce la répression. On assiste alors à un véritable apartheid contre la population albanaise du Kosovo.
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Les autorités serbes ferment les écoles albanaises, obligeant les enseignants à organiser des cours clandestins. Ibrahim Rougova, qui est leader de la Ligue démocratique du Kosovo, produit une résistance pacifique et devient une figure emblématique de la lutte pour les droits des Albanais du Kosovo. Les tensions ethniques continuent de s'aggraver, alimentées par les actions répressives des autorités serbes.
00:54:18
Speaker
Les élections qui ont lieu les 9 et 23 décembre 1990 en Serbie sont un triomphe pour les communistes au pouvoir. Ils emportent 194 sièges sur 250 à l'Assemblée. Lors de l'élection présidentielle, Milošević l'emporte haut la main avec 65% des voix. Les Albanais ont boycotté ces élections et l'opposition a fait ses meilleurs scores à Belgrade et en Vojvodina dans les régions les plus développées. Les communistes l'emportent eux dans les campagnes et de nombreuses irrégularités sont pointées du doigt.
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Speaker
Dans le même temps, une institution fédérale fonctionne toujours en plus du gouvernement, c'est celle de l'armée, après dominance serbe. Elle se considère alors comme la gardienne de la structure fédérale contre tout séparatisme, et surtout, la protectrice des serbes contre une éventuelle menace croate.
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Speaker
Ils sont les fidèles alliés de Milošević. Elle joue un rôle crucial en 1991. Initialement perçue comme une force de maintien de l'unité, elle devient rapidement un acteur des conflits internes. Elle commence alors à se déployer dans diverses régions de Croatie et des manifestations ont lieu contre elle. Il s'agit pour les Croates d'une armée d'occupation. Alors que des consultations ont lieu entre les présidents des 6 républiques en 1991,
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Speaker
Un représentant de l'armée y est aussi présent. La Croatie, elle décide alors de se retirer des discussions pour marquer sa protestation. Dans cette période, l'ambiguïté du rôle de l'armée apparaît alors en pleine lumière et les républiques de Croatie et de Slovénie commencent elle aussi à s'armer. C'est le cas d'ailleurs dès le mois d'octobre 1990 pour la Croatie. Martin Špegail, ministre de la Défense Croate fait alors importer depuis la Hongrie un stock d'armes via le marché noir dans le plus grand secret.
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Speaker
Dans des enregistrements prises à son insu par le service de contre-espionnage de l'armée jugoslave, il est d'ailleurs filmé en train de parler à un assistant d'armée les croates en prévision de la sécession de la Croatie et de la guerre civile imminente. Ces enregistrements seront diffusés quelques semaines plus tard à la télévision et provoquent alors un choc dans l'opinion publique serbe et jugoslave.
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Speaker
Le 9 mars 1991, alors qu'une foule pacifique d'environ 100 000 personnes manifeste réclamant la démission de Milošević, elle est alors réprimée par l'armée fédérale. Une contre-manifestation a lieu quelques jours plus tard, le 11 mars à Belgrade toujours, 300 000 personnes défilent dans les rues rassemblées par les soins des entreprises et amenées en car de toute la Serbie, venue acclamer Milošević de conspuer les contestataires.
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Speaker
Le gouvernement serbe tente alors un coup d'état en voulant transférer à l'armée le pouvoir fédéral avec l'introduction de mesures d'urgence au profit de l'armée. Cette demande est alors repoussée par les quatre membres non serbes. Le pouvoir fédéral est alors victime d'une paralysie et ses membres proches de Milošević menacent de démissionner. Milošević compte alors sur la reprise du pouvoir au niveau fédéral par l'armée qui est la seule institution jugoslave qui subsiste.
00:56:54
Speaker
Finalement, le 21 mars, l'armée refuse d'intervenir. Mais c'est justement à la fin mars que tout va basculer et que la rébellion des Serbes de Croatie dégénère en conflit sanglant. Le 28 février 1991, les régions à majorité serbes en Croatie comme la Slavonie et la Krajina autour de Knin déclarent leur sécession ce qui mène à des affrontements armés avec les forces croates. Le principe c'est que la Krajina et la Slavonie se séparent de la Croatie comme la Croatie se sépare de son côté de la Yugoslavie.
00:57:22
Speaker
Les premières heures mortelles auront lieu dans le parc national de Plitvice. Le 30 mars 1991, un détachement armé de miliciens serbes prend possession du parc au nom du gouvernement de la Krajina. Le lendemain, le 31 mars, dimanche de Pâques, une troupe de policiers croates vient pour les endéloger. Ils sont pris en embuscade par des paramilitaires serbes, ce qui déclenche alors une lutte armée durant toute la journée.
00:57:46
Speaker
bilan de mort, un milicien serbe et un policier croate. Ce sont les premiers morts de cette guerre. Dès le surlendemain, l'armée fédérale prend position dans la région pour s'interposer entre les combattants et demande aux policiers croates de quitter la région pour les remplacer par des officiers serbes.
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Speaker
Entre le 15 mai et le 26 juin, pendant que les accrochages sanglants se multiplient un peu partout en Croatie, la crise va trouver son épilogue politique. L'Etat jugoslave vole en éclat. Le 15 mai, le mandat du serf Borisa Vjović expire. Il doit être remplacé par Stipe Mesic, un croate membre du HDZ et bras droit de Franjo Tucman.
00:58:22
Speaker
Pour les Serbes, cette perspective est insupportable. Leur propagande s'emploie depuis un an à diaboliser le HDZ identifié aux ustachis. La Croatie annonce alors que si Mesic n'est pas élu, elle prendra immédiatement des mesures pour se séparer de la Yugoslavie. Le vote a lieu le 17 mai et les quatre membres du bloc serbe votent contre Mesic. Quatre voix contre quatre. Le système est bloqué. La fédération n'a plus de président.
00:58:47
Speaker
Il n'y a pas de successeurs à Tito, mais surtout, l'armée n'a plus de pouvoirs civils au-dessus d'elle et ne dépend plus que d'elle-même. La Slovénie avait voté pour son indépendance en décembre. La Croatie fait de même le 19 mai. Le 25 juin 1991, la Slovénie et la Croatie déclarent leur indépendance, ce qui marque alors la fin de la Yougoslavie fédérale. Les célébrations dans les capitales slovennes et croates sont massives avec des milliers de personnes qui brandisent des drapeaux et des feux d'artifice.
00:59:16
Speaker
Un an plus tard, ce sera au tour de la Bosnie-Herzégovine et de la Macédoine de déclarer leur indépendance. A partir de ce moment, la Yougoslavie ne représente plus que la Serbie, le Monténégro et le Kosovo. On date la véritable fin de la Yougoslavie au 4 février 2003, date à laquelle le Parlement fédéral dissout le pays et accepte la création d'une fédération à deux pays, la Serbie-Monténégro.
00:59:38
Speaker
Le Monténégro obtient enfin son indépendance le 3 juin 2006 et le Kosovo le 17 février 2008. Mais pour de nombreux historiens, la fin de la Yougoslavie comme état fédéral date du 25 juin 1991 et c'est cette date que j'ai choisi pour conclure cette vidéo. J'ai préféré ne pas mentionner les guerres qui ont suivi car j'ai encore beaucoup de choses à vous dire-dessus. Ce sera donc l'objet d'une future vidéo. A très vite !