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Épisode 2 - La posture de thérapie

S1 E2 · Familio - Le Podcast
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38 Plays1 year ago

Exploration de la posture de thérapie avec Jean-François Michaud, gestionnaire chez Familio, Marie-Josée Courval, travailleuse sociale ainsi que Dr. Alexandre Francisco, psychologue.

Transcript

Introduction à Réunions

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Speaker
Bonjour et bienvenue dans notre nouvel épisode de podcast de Réunions. Réunions est un réseau clinique interdisciplinaire en santé mentale et social qui, de part, on accompagne la clientèle à trouver des bons professionnels et aussi on soutient les professionnels dans leur démarche au quotidien et leur développement.
00:00:16
Speaker
Moi, c'est Jean-François, je suis un des fondateurs de FEMMUO et aujourd'hui, j'ai le plaisir d'être un collaborateur avec Marie-Josée Courval et Alexandre. Marie-Josée Courval est les travailleuses sociales, formatrice et superviseur de la Réseau publique et privée, puis Alexandre Fantisco est psychologue, superviseur et aussi formateur.
00:00:37
Speaker
On a fait un premier podcast il y a deux semaines environ sur le thème du cadre clinique qui a été vraiment super intéressant. On vous invite à l'écouter si vous l'avez pas fait. Puis on s'est dit que le deuxième sujet venait d'écouler de soi, c'était la posture. La posture qui est un thème central que vous maîtrisez bien puis je pense qu'il vous passionne, qu'il vous anime. Je vous laisse le thème sur la table.

Concept de posture en thérapie

00:00:59
Speaker
Donc expliquez-nous aujourd'hui comment la posture fait tout son sens quand on parle de cadre et de thérapie.
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Speaker
Ben pourquoi, c'est une très bonne question. Pourquoi c'est si central? C'est en fait dans nos expériences communes, Marie-Josée et moi, je pense qu'on n'est pas les seuls. La posture, c'est peut-être l'élément le plus important dans une psychothérapie ou dans... Quand j'ai une psychothérapie, j'ai déjà inclus tous les gens qui sont dans une posture de relation d'aide. On peut partager beaucoup de choses, même si on va être psychologue, DSL ou infirmière, p'tit cours d'éducatrice, peu importe, infirmière, médecin. Donc, on peut partager ça que la posture,
00:01:36
Speaker
On pourrait dire l'ADN du soignant. On peut avoir différentes approches, on peut avoir différentes théories, mais on pourrait dire que c'est l'ADN du soignant. Et concrètement, mettons pour mettre la table, la posture, c'est quoi la posture psychologique, la posture clinique du thérapeute?
00:01:54
Speaker
c'est en fait des attitudes, des attitudes qu'on a vis-vis soi-même, vis-vis le patient, vis-vis la théorie, vis-vis la psychothérapie. Donc, c'est une série d'attitudes dont on est conscient et des fois, évidemment, des attitudes dont on n'est pas conscient, qui vont influencer notre façon d'écouter, notre façon d'intervenir avec nos patients. Alors ça, à ce moment-là, ça devient central parce que c'est la colonne vétébrale de l'intervention.
00:02:21
Speaker
Et puis, moi, peut-on, comme pour le détailler un peu plus, je dirais qu'il y a quatre grands thèmes sur lesquels, à partir desquels, il y a une posture. Donc, la posture clinique en général, c'est l'ensemble des attitudes qu'on a face à la psychothérapie au patient lui-même. Mais si on les détaille un peu, il y a d'abord, et c'est peut-être pour moi la première et la plus importante, c'est d'abord la posture face à soi-même.
00:02:47
Speaker
Donc, comment on va se réguler soi-même comme thérapeuteur, comment on va sur gênerie, quel genre d'écoute qu'on va avoir, etc. Donc, la posture vis-vis, comment on va s'écouter soi-même quand je l'écoute. Donc, c'est quel genre d'attitude qu'on va avoir face d'abord à soi-même. L'autre grand thème, c'est les attitudes qu'on va avoir, la posture qu'on va avoir face au patient.
00:03:12
Speaker
Comment on va voir notre patient, comment on va le traiter, sur quoi on va se baser pour l'écouter, comment les gens l'écoutent, qu'on va faire pour l'aider. Donc ça, c'est vis-vis les attitudes face au patient.

Thèmes clés de la posture thérapeutique

00:03:24
Speaker
Il y a aussi un autre point essentiel, c'est la posture de l'intervenant face à la théorie, face au cadre qu'on a parlé la dernière fois, face aux déposités de soins. Donc c'est quoi notre rapport au cadre, notre rapport à la théorie?
00:03:39
Speaker
Puis, en dernier, ça va être quoi les attitudes de l'intervenant face au processus thérapeutique en général? Faire une évaluation, faire un suivi, terminer une psychothérapie ou un épisode de soins. Donc, pour moi, c'est les quatre grands thèmes qui mettent la table pour approfondir un peu.
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Speaker
On va discuter un peu plus en profondeur de ce que c'est pour chacun des quatre grands thèmes qui recoupent la posture clinique en relation d'aide. Je ne sais pas qu'est-ce que tu en penses, Joseph.
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Speaker
ça fait d'accord avec toi à l'infant. C'est bien, je suis à 100 % d'accord. Moi, j'ai envie de dire aussi la posture, pour moi, c'est comment on se place à côté de l'autre, puis toutes les différentes catégories dont un homme va nous mener à ça. Puis évidemment, on va parler de nous. Aujourd'hui, on va parler de l'autre, la relation à l'autre, mais comment aussi les aspects théoriques vont nous aider. Parce que pour moi, la posture, c'est l'équilibre entre notre cerveau
00:04:40
Speaker
puis notre cœur. Donc, comment on utilise notre cœur, mais comment on va tenter de faire sens aux soucis théoriquement avec les gens, ce qui est en train de se passer. Donc, les deux, c'est important. Exact, c'est bien dit. C'est une belle métaphore, ça. À la fois la tête et le cœur, ça cohabite. Bien, peut-être que ça met la table sur la première posture vis-vis soi-même. Ça peut être un peu contre-intuitif parce qu'on dit, oui, il faut avoir une bonne posture face aux patients, face à la théorie, bien sûr, mais d'abord, à mon avis,
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Speaker
La première posture qui est fondamentale, ça va être la posture face à soi-même. Et je résumerais peut-être deux, trois éléments sans trop qu'on pourrait développer, mais...
00:05:19
Speaker
La meilleure formule que j'ai, c'est la posture que l'intervenant doit avoir vis-vis lui-même. Ça se résume à FST. Commençons donc à faire nous-mêmes ce qu'on demande à faire à nos patients, c'est-dire être réflexif, être connecté sur soi, travailler sur soi, d'avoir une posture de modétie par rapport à nous-mêmes, même si on a fait des études, même si on a travaillé en thérapie personnelle, tout ça.
00:05:43
Speaker
il reste qu'on a toujours à se réguler, à apprendre à se connaître. Et ça, on demande ça à nos patients. Fait que je pense que la première chose, c'est commencer de le faire, d'abord pour soi, mais pour les patients. Parce que, mettons, on va dire ça comme ça, les affaires que j'ai pas réglées moi-même, ça se pourrait que ça déborde sur les patients, puis je m'en rentre même pas compte.
00:06:04
Speaker
Si je m'en rends pas compte, bien là, je suis en train de m'aider à travers le patient, ou je suis en train d'aider mon patient pour de vrai, là. Et donc là, ça peut, c'est un gradient, hein. On peut faire des petites erreurs, des moyennes erreurs, des grosses erreurs, parce que on s'occupe pas bien de soi. C'est pas l'idée d'être centré sur cette petite personne. L'idée, c'est d'être capable de s'écouter, savoir nos vulnérabilités pour pas, pour faire mon psychanalyse, pour pas projeter ça sur le patient. Je vous annonce en grande primeur qu'on va tout le faire.
00:06:33
Speaker
C'est pas ça la question, c'est sûr que ça va arriver. C'est plus que quand ça va arriver, on va peut-être être aligné pour dire « Ah mon dieu, alors ça c'est de moi. » Puis même des fois, on peut même, ça a des impacts gays qu'on va dire au passage, tu vas l'échapper celle-là, l'isoler là. Donc pour moi ça, c'est le cœur, je dirais, de la posture. S'il y avait un élément
00:06:52
Speaker
que je voudrais que toutes les petites intervenants aillent, c'est le travail sur soi. Peu importe l'approche, ce serait quelqu'un aussi qui travaille sur lui-même. Je veux dire, on a déjà l'éliminément. Se connaître, en fait. Se connaître soi-même. Oui, c'est ça.
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Speaker
Des fois, c'est aidant.

Défis dans le milieu de la santé mentale

00:07:09
Speaker
On a parlé de supervision. Déjà, c'est aidant d'avoir un miroir, d'avoir un reflet de ça, donc d'aller débriefer, d'aller discuter de certains éléments, parce que pour moi, les éléments de résonance, c'est des angles morts. On ne sait pas nécessairement qu'est-ce qui va venir nous teinter, nous chercher. Les gens peuvent venir nous rencontrer de manière volontaire. Je pense que chez vous, on va dans ton bureau, Alexandre, on va te rencontrer. Tout le personnel soignant, évidemment, moi, c'est mes
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Speaker
c'est mes clients, le personnel soignant dans les hôpitaux, entre autres les cliniques, les GMF, les CLSC. Les gens ne viennent pas chercher de l'aide. Ils se font soigner. Donc, les professionnels de la santé sont constamment en lien avec des gens qui ne veulent pas nécessairement être en relation avec eux, évoluer, cheminer. Ce n'est pas nécessairement un besoin qu'ils ont. Ils veulent être soignés, simplement. Parfois, c'est en fin de vie.
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Speaker
Parfois, c'est des traitements par exemple curatifs de chiniothérapie. Peu importe ce que les gens font, on n'est pas nécessairement dans un volontariat. Donc, on peut être repoussé. Donc, la relation peut être constamment mise en échec quand on est un soignant. Les psychologues, les travailleurs sociaux, même chose également. Donc, qu'est-ce qui vient me chercher, moi? Tous mes éléments de résonance. C'est quoi mon histoire? Qu'est-ce que j'ai besoin de faire? La reconnaissance dont j'ai besoin constamment. Donc, de connaître ces aspects-là de soi.
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Speaker
Pour moi, c'est essentiel. Mais évidemment, on va en parler parfois dans les cursus universitaires, mais je vous garantis de les préposer aux bénéficiaires, quand elles font leur formation, on leur parle très peu de ça. Je pense que les psychosociaux ont une tendance dans les formations à davantage parler de ça, mais encore, je ne suis pas convaincue qu'on mette tant l'enfance-dessus par rapport à la connaissance de soi et les éléments qui peuvent venir résonner en nous.
00:08:57
Speaker
Oui, c'est important ce que tu viens de dire. Ça me fait enchaîner justement sur peut-être deux éléments fondamentaux de la posture face à soi-même. C'est aussi, je vais dire ça comme ça, les renoncements nécessaires.
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Speaker
On pourrait dire ça, mais c'est juste un thème qui nous est cher à tous les deux. C'est-dire qu'on pourrait en parler beaucoup, mais peut-être en donner un ou deux. C'est une belle phrase par rapport à quand on est face à la posture du soignant. Il est confronté à des patients et ça se pourrait qu'il y ait des fantasmes de guérison, des fantasmes qu'on va sauver nos patients.
00:09:39
Speaker
des fantasmes qui n'auront plus de problèmes, qu'une fois la thérapie finie, ben, soyez cas. Et puis, une belle phrase de Racami, un psychanalyste qui dit, ben, il faut guérir de vouloir guérir. On peut se soigner, on peut aider, on peut aider les patients à se transformer, à aller mieux. Ils vont, c'est eux qui font le travail, eux, c'est les acteurs principaux. Moi, je dis ça à mes patients, vous êtes l'acteur principal, moi, je suis l'acteur de soutien.
00:10:04
Speaker
Mais il reste qu'au final, on ne les sauve pas, on ne les guérit pas. Et ça, pour moi, ça fait parce qu'on peut tomber dans le piège de vouloir guérir à s'en rendre malade. Puis est-ce que quand on fait ça, est-ce qu'on est pas mal plus en train de vouloir se gratifier soi-même en pensant qu'on a des pouvoirs qu'on n'a pas ou qu'on pense qu'on a beaucoup plus d'importance?
00:10:26
Speaker
qu'on l'imagine. Donc pour moi, ça, c'est un élément dans la posture face à soi-même, de renoncement à des certains qui sont douloureux. Je vous dis ça, moi, je suis sur le même plancher que tout le monde. Ce n'est pas facile. Moi aussi, j'ai le goût de guérir. Mais je pense que c'est un fantasme qui peut être pas mal plus d'instructeur parce qu'on pense que dans ces moments-là, justement,
00:10:46
Speaker
Il y a peut-être quelque chose qu'on n'a pas travaillé sur nous. Quelque chose d'une acceptation, un peu de la réalité, des limites, du joint, même si ça peut changer des vies de psychothérapie. Mais l'idée de faire le renoncement, c'est peut-être plus de fantasme ou de guérir nos patients-là. Je ne sais pas ce que tu en penses.
00:11:05
Speaker
Moi, ça m'amène à dire qu'il faut accepter de décevoir. J'ai parlé du volet à réseau de la santé, mais moi j'ai une pratique et je supervise des gens qui rencontrent des familles. Donc les parents qui viennent nous amener des difficultés et donc guérisser ou soigner mon adolescent et mon enfant.
00:11:23
Speaker
Il faut rapidement accepter les limites de notre métier, construire évidemment avec les familles elles-mêmes, parce que je ne peux pas prendre un enfant et l'amener au garras, il va être tout guéri. Mais ça, c'est le souhait des gens. Donc, il faut accepter de décevoir. Ça, c'est accepter nos limites avant tout. Tout à fait. C'est comme si la balance entre l'empathie de dire, on pourrait dire quelque chose comme, je gênerais tellement ça que vous réglez tous vos problèmes d'un coup.
00:11:50
Speaker
et mon Dieu que je ne suis pas capable de faire ça, mais peut-être que si on travaille ensemble, puis peut-être avec empathie, avec autant avec le cœur qu'avec la tête, tu sais qu'on va pouvoir faire de quoi dans la dynamique familiale. Exact. On va travailler ensemble pour essayer d'une forme d'harmonie. C'est comme si on peut tolérer ce genre de renoncement-là parce qu'on est solidaire avec nos patients, parce qu'on est empathique, parce qu'on veut les aider, on continue d'être même quand c'est difficile. Je trouve que ça amène l'autre élément pour moi qui est très important dans la posture face à soi-même,
00:12:19
Speaker
c'est aussi de tolérer ce que j'appelle l'impuissance fondamentale.
00:12:25
Speaker
c'est-dire qu'on a plein de compétences, on a plein de stratégies, on peut avoir de l'expérience. Mais moi, j'ai appris, j'imagine qu'on a eu dans les mêmes zones d'apprentissage, qu'est-ce qu'on se rend compte, c'est qu'au final, celui qui décide, c'est le patient. Et ça, c'est ce respect-là de la liberté du patient, ce respect-là d'accepter qu'on est fondamentalement impuissant parce que le patient, on peut faire tout ce qu'il faut, peut partir et peut quitter la thérapie.
00:12:54
Speaker
Il y a des patients qui font des passages à la grave, il y a des patients qui vont se suicider. Même si on a fait la meilleure thérapie au monde, même si on a fait le plan de crise, qu'on a tout fait ça, au final, c'est pas nous qui décidons ça.
00:13:08
Speaker
Et si on ne tolère pas de cette impuissance-là fondamentale, ça va faire des interventions qui sont beaucoup plus pour nous rassurer nous que les intervenants, que le

Processus thérapeutique et attentes

00:13:18
Speaker
patient. Je redonne mon exemple de mon étudiant qui, devant une patiente suicidaire, il fait trop au contrat de non-suicide. La patiente n'est jamais revenue. Il arrive dans mon bureau en panique.
00:13:30
Speaker
Je vous épargne les détails, mais qu'est-ce qu'il est allé, c'est qu'au fond, c'était bien de faire un contrôle non suicide. On peut faire ça, on peut ne pas en faire, mais au fond, ce qu'il a fait, c'est qu'il l'a fait beaucoup plus pour lui que pour la patiente. C'est la patiente qui l'a senti. La patiente l'a senti que ce n'était pas pour elle. Mais lui, il est pris avec l'angoisse après, mais en même temps, il a eu une grande leçon.
00:13:51
Speaker
J'ai plein d'empathie, moi, pour les comptes de transfert. Je les ai toutes, nous aussi. J'ai fait les erreurs, puis je m'en fâche à mon compte de transfert. L'enjeu, c'est d'être capable de le reconnaître pour dire, oui, dans le fond, j'ai fait ça plus pour me rassurer. Et quand on fait ça pour se rassurer, c'est comme si ce que ça peut faire souvent, c'est comme un vote de non-confiance au patient. Il y a le risque de l'infantiliser. Bien, ça, c'est peut-être tout être enrobé, mais il reste quand même une forme d'invalidation.
00:14:19
Speaker
Moi, je dis ça à mes patients, vous savez, c'est pour moi qu'ils vont coller la chute. Je peux tout faire pour vous aider. On va avoir un plan. Évidemment, j'ai plus les situations d'urgence quand la vie est menacée de façon imminente, que ça va de soi, que là, il y a une intervention. Mais si tu n'en as pas, je pense que ça ouvre.
00:14:37
Speaker
sur une posture d'écoute, puis sur une posture de régulation de soi pour être capable d'accueillir l'autre. Mais je trouve ça quand même déstabilisant ce que vous êtes en train de dire. C'est comme si on se met dès le début, un peu comme en posture d'échec, parce qu'on sait que malgré tout ce qu'on a fait comme apprentissage, la théorie, l'école, l'expérience,
00:14:59
Speaker
Il y a beaucoup de chances que ça ne fonctionne pas, qu'on ne se rende pas au bonheur. Ça doit être extrêmement frustrant à vie. Ça doit amener une remise en cause, une remise en question de l'intervenant constant face à sa pratique. Il n'a pas sûr qu'il prend face à son client. Ben oui, tout à fait. Mais je dirais que l'échec, ça serait de... L'échec, ça serait justement de ne pas se réguler. L'échec, ça serait de croire dans la guérison.
00:15:27
Speaker
L'échec, c'est de se rassurer à travers le patient. Je dirais que, puis même je dirais, je rajouterais pour rajouter à ton choc, je dirais que c'est la question aussi de renoncer à être valorisé par nos patients. Tu vas sauver tes patients, puis que tu n'arrives pas à les sauver, comment ça va virer la thérapie?
00:15:49
Speaker
Il y a des fins de thérapie abruptes. Il y a toutes sortes de messages que les patients sentent, qu'ils reçoivent, qu'ils ne savent pas tous c'est quoi et qu'ils quittent. Mais la question aussi de la valorisation, à mon avis, et tu me dis que tu en penses, c'est la question de, on ne va pas chercher notre valorisation par la reconnaissance du patient. Ceux qui ont rejoint le plus d'aide vue, c'est nos patients. Ils sont pour ça. Nous, on a le devoir de les voir comme dans tout ce qu'ils sont. À leur bon côté, leur moins bon côté.
00:16:18
Speaker
Il ne faut pas aller chercher la valorisation dans la gratitude des patients. Il faut aller chercher notre satisfaction dans les conditions qu'on leur offre pour qu'ils puissent progresser, pour qu'ils puissent être plus réflexifs, plus en contact avec eux, pour qu'ils s'approchent de leur objectif thérapeutique.
00:16:36
Speaker
T'as raison, c'est déstabilisant. Tu commences ta job de psy et il faut que tu fasses des dons. Il y a envie de dire oui. C'est probablement. C'est ce qu'on vous propose. On pense que t'es de la posture qui est la plus humaine et peut-être la plus, je dirais, performante d'une certaine façon, mais au sens de la capacité d'écoute et de qualité de présence auprès du patient.
00:16:59
Speaker
Oui, le processus thérapeutique. Est-ce que j'ai redéfini la demande avec eux? Est-ce que j'ai été bienveillante aussi, cette posture d'écoute et de bienveillance? Je pense que c'est-dessus qu'on doit se raccrocher. Est-ce que j'ai pogné les nerfs? Là, je ne serais pas contente envers moi.
00:17:17
Speaker
Est-ce que je suis demeurée à côté des gens? Est-ce que j'ai fait mon possible? Qu'est-ce qui m'appartient? Est-ce que j'ai été à la bonne place avec eux? Est-ce que je suis restée à côté d'eux? C'est ces processus-là pour moi qu'il faut constamment avoir en tête, plus que la reconnaissance. Puis pour avoir travaillé longtemps avec les familles.
00:17:36
Speaker
Pour ma part, il y avait plusieurs parents qui n'étaient pas contents de ce qu'on faisait parce qu'on n'avait pas réparé. Est-ce que j'ai continué à être à côté d'eux avec bienveillance? Oui. Est-ce que j'ai bien encadré la situation? Je pense que oui. Est-ce qu'il y a quelque chose qui va pouvoir résonner après chez les gens peut-être?
00:17:53
Speaker
Parce qu'on ne le sait pas ensuite. Les gens vont rebondir comment des interventions qu'on fait. On peut avoir l'impression que c'est un échec, mais en effet, ce n'est pas nécessairement un échec. On n'a pas été valorisés ou on n'est pas contents nécessairement. Les gens ne sont pas contents. Je dis les parents, mais...
00:18:09
Speaker
Ça me fait penser aussi dans les équipes interdisciplinaires, dans le Réseau de la Santé, comment les intervenants psychosociaux reçoivent des commandes aussi. Nous, on trouve un palliateur qui fait le chemin, il faut qu'il accepte. La mort, c'est un peu le pain de quotidien. On peut décevoir aussi nos collègues de travail parce que la personne, elle accepte pas de mourir parce qu'en effet, je n'ai pas le pouvoir sur elle. Mais comment moi, je sais si j'ai bien fait mon travail, est-ce que je suis allée au bout des choses?
00:18:37
Speaker
Il faut se fier à cet instinct et à cette analyse-là qu'on fait de notre travail. Oui, tout à fait. Ça rejoint un peu ton choc. Quand tu dis que je suis déstabilisé, je pense que c'est une phase nécessaire que les thérapeutes doivent passer et les patients. C'est-dire que, qu'ils soient déçus et qu'ils vivent un sentiment d'échec, il y a un potentiel de croissance-dedans.
00:18:58
Speaker
Et seulement si la posture du thérapeute est capable de faire en sorte qu'il y a des attitudes de tolérance et qu'il voit le potentiel de ces sentiments-là d'échec, je sais pas vous, moi j'ai appris beaucoup de mes échecs.
00:19:12
Speaker
c'était pas le fun. Donc c'est un peu la même chose en psychothérapie. C'est des expériences qui déstabilisent le patient, tu sais. Ben là, vous n'allez pas me donner une recette, là, vous n'allez pas me donner des conseils. Oui, non. Je sais pas comment vous dire ça, mais non. Donc c'est pour moi, c'est des chocs ou des épreuves qui sont nécessaires, même si sur le coup.
00:19:29
Speaker
C'est du lieu pour les thérapeutes et pour les patients, toujours dans la mesure notre intervenant-intervenant garde une posture suffisamment bonne par rapport à ces, on pourrait dire, régulations de toutes ces souffrances-là.
00:19:45
Speaker
Est-ce que l'intervenant en parle de ça à son client, qu'il vit ce sentiment-là parfois et qu'il peut même trouver très difficile lui-même comme personne dans sa relation avec lui-même, comment est-ce qu'il doit adapter justement sa posture, est-ce qu'il sent ça, puis même lui-même au niveau des transferts, contre-transfères, qu'est-ce qu'il peut amener?
00:20:07
Speaker
dans la thérapie, dans l'intervention de ses clients, pour être capable de repasser sa posture à travers l'évolution qu'il va faire avec une famille. Pour répondre à ta première question, est-ce qu'on en parle?
00:20:25
Speaker
Moi, mes ressentis, mes hypothèses, mon sentiment d'être à côté des gens ou pas à côté des gens vont me servir à poser des questions et à utiliser dans la discussion
00:20:41
Speaker
ces éléments-là. Moi, je ne vais pas... Évidemment, il y a des gens encore plus fragiles avec lesquels je ne ferais pas ça de tout, mais en général, je ne vais pas parler de ça avec les gens. Je vais parler de, ah, j'ai cette impression-là. Est-ce que vous avez eu ce sentiment-là quand on a parlé de ça? Est-ce que vous m'avez senti comme ça? Je vais utiliser mes émotions dans ce qui se passe, mais je ne vais pas me mettre sur la table. Voici comment moi, je me sens comme si...
00:21:08
Speaker
J'aurais l'impression un peu de parentifié aussi. Je ne veux pas que la personne ou la famille des parents porte ce que je vis, mais je vais certainement l'utiliser à poser des questions et aller à des endroits avec eux, surtout en termes d'hypothèses.
00:21:23
Speaker
Effectivement, dans le fond, il faut que si on dévoile quelque chose de nous, on ne dévoile pas de notre vie personnelle, mais on peut dévoiler des états intérieurs. On pourrait dire, je me suis senti comme ça avec vous aujourd'hui dans notre rencontre familiale, etc. Il faut qu'on soit au clair avec l'intention pourquoi on le fait et à qui on le dit. Il y a certains patients on ne fera jamais ça. Il y a trop de fragilité et que ça peut venir à brouiller un peu trop les limites.
00:21:48
Speaker
Mais je pense que c'est surtout l'intentionnalité pour quoi on le fait.

Rôle de la théorie et des émotions en thérapie

00:21:51
Speaker
Ça peut prendre aussi, quand on dévoile comme ça, on peut avoir des formules, mais tu vois que ça prend la posture qui vient avec. De dire, je te parlerai à toi, Jean-François. Écoutez, Jean-François, quand je vous écoute me parler de ce que vous êtes arrivé là, vous pourrez avoir des lapins pour vous.
00:22:07
Speaker
Je suis pas en train de dire qu'elle me rappelle des choses dans mon propre étoile, moi dans mes trois moments, mais je m'appuie-dessus et je m'appuie sur mon senti sans faire un grand dévoilement, mais au service. Dans le fond, il faut que l'étoilement soit toujours au service, patiente. Ça, on a des théories, justement, qui...
00:22:25
Speaker
qui nous aident, des dispositifs de soins qui peuvent nous aider justement pour avoir des guides, pour ne pas faire trop de dégâts, tout ça comme ça, mais pour nous orienter dans nos... c'est peut-être un autre élément dans la posture, le rapport aux dispositifs, aux cadres puis à la théorie. Exactement, mais vous avez dit que, constamment, au niveau des dispositifs, des cadres et de la théorie, qu'est-ce qu'on en pense qui est en fait lié avec la posture?
00:22:48
Speaker
J'enchaînerai sur la théorie peut-être. Franchement, je suis convué dans nos associations, mais la théorie n'est pas de mauvaise presse. Bon, la posture face à la théorie, j'ai entendu ça beaucoup dans la vie. La théorie, c'est du pelletage de nuage. La théorie, c'est pas du pelletage de nuage, c'est une carte géographique.
00:23:11
Speaker
C'est une carte géographique de la psychothérapie, c'est une carte géographique de la psychie du patient. Une carte, ça donne pas le... La théorie, c'est comme une boussole. Elle donne pas le point exact, mais ça donne une direction. Quand t'es pané dans le bois qu'une boussole, tout le cycle, tu vas t'en aller vers le nord, mais le point que tu vas prendre, ça va être... Tu peux pas le prévoir. Donc, c'est exactement la même chose, je trouve, par rapport à la théorie. On peut pas coller sur la théorie, puis dire que la théorie, c'est la réalité, mais on peut pas faire
00:23:40
Speaker
à mon avis, à notre avis, nous irons faire de la psychothérapie sans avoir de boussole théorique. Et ça va même jusqu'à... C'est une théorie qu'il faut remettre en question à chaque fois. C'est pas comme on a une théorie, puis ça va être la même affaire dans cinquante ans. J'espère qu'on va avoir évolué puis raffiné nos théories. Mais pour moi, ce qui est central-dedans, par rapport à la théorie, c'est que non seulement c'est quelque chose d'essentiel, mais c'est surtout la possibilité
00:24:10
Speaker
Deux, comment je pourrais dire ça, c'est d'utiliser la théorie comme chose d'empathie.
00:24:17
Speaker
Là, on va dire, voyons donc, la théorie, c'est rationnel, ça, puis qu'il n'y a pas de bon sens, qu'est-ce que tu dis, là, de l'empathie dans la théorie? Bien, je vous donne un ou deux exemples sur ce que tu donnes d'avoir plein, mais, par exemple, quand on commence à... quand on pense, par exemple, à des personnes très violentes, qui sont très violentes avec les gens, qui peuvent abuser, voir agresser les personnes, les gens vont voir tendance, puis j'inclus les thérapeutes, ils vont dire, mon Dieu, c'est ça, c'est un agresseur. Bien, évidemment, on est sympathique à la victime, puis tout ça,
00:24:47
Speaker
Mais quand on a la théorie psychanalytique de dire que quand on subit des trois mois de l'enfance, on a tendance à les faire subir une fois adieu, il fait subir ce qu'il a subi. On n'est pas en train d'excuser l'agression. On n'est pas en train de banaliser ce qui est arrivé à la victime. On est en train d'essayer d'aider cette personne-là à que de le refaire.
00:25:07
Speaker
Lui, j'ai cette théorie-là dans ma tête. Ça me donne un peu plus d'empathie. J'en dose pas, je l'applaudis pas. Mais justement, ça va pas faire des interventions on va pas juste le réduire à son geste. On va lui donner de l'espoir pour dire, ah oui, lui, il est en train de faire subir ce que... Ah, c'est un peu comme un pratique qu'on connaît après une année. Donc, c'est comme un exemple où, dans la posture face à la théorie, si on a une espèce de rejet de la théorie, puis moi, je suis concret, puis je suis sur le plancher,
00:25:35
Speaker
Il va manquer de quoi? Il va manquer de repères. C'est comme s'en aller dans le bois, pas de boussole. Bon, je sais pas si, évidemment, tout ça, c'est des propositions, là. C'est pas des certitudes, là. Mais ça me fait penser, Alexandre. La théorie va particulièrement nous aider dans les situations complexes. Parce que quand ça va bien, ça va bien. Je l'assure. La théorie discrète quand ça va bien.
00:25:56
Speaker
C'est sûr, justement, on est dans la pratique, ça va bien, les gens avancent, c'est qu'on soit en bureau, qu'on soit en train de soigner à l'hôpital ou aussi laisser un missile. Ça va bien. C'est quand il y a une forme de complexité, on est bloqué ou on se sent impuissant, on sent qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. La théorie va venir nous aider. On a quelque chose sur lequel s'ajuster ou s'appuyer un petit peu plus.
00:26:22
Speaker
Justement, comme dans l'exemple que tu donnes, c'est ça, tu sais, si on fait juste se fier à nos émotions, l'autre personne, on a le goût, tu sais, comme de la racheter, même de fesser dessus un peu probablement.
00:26:35
Speaker
Exactement. Donc, c'est dans ces moments-là on se ressent loin et bienveillant ou enriagé envers les gens, là, la théorie, les concepts théoriques vont venir nous donner un coup de main. Quand on travaille avec les familles, on va travailler, par exemple, à s'imaginer pourquoi cette famille-là, dans un contexte de fin de vie, par exemple, va se chicaner autour du morant.
00:26:57
Speaker
On voit la personne en train de décéder, puis il y a des grosses, grosses chicanes de famille. Il n'y a aucun sens-dedans. On devient fâchés. La fille n'est pas fine. La belle-mère n'a pas de bon sens. Ce monde-là, ils n'ont pas d'allure. Alors qu'au final, quand on se met à réfléchir en viagne, puis on se dit peut-être qu'il y a un sens pour eux. On va essayer d'explorer le sens. Ça serait quoi nos hypothèses? Comment on peut poser des questions à cette fille, à cette belle-mère, à ces gens autour pour essayer de les comprendre et en fait,
00:27:24
Speaker
la théorie vient nous amener un pas de recul dans les situations. Donc, on va moins agir rapidement, on va réfléchir davantage, puis il y a des conseils qui vont venir nous aider à poser des bonnes questions aux gens, donc se rapprocher d'eux.
00:27:39
Speaker
c'est tellement important ce que tu dis là. Effectivement, puis ça amène aussi la question, je ne sais pas, je pense, en tout cas, je ne le sais pas. Ça va aller dans le sens de ce que tu dis. Un autre élément dans la posture, c'est celui de l'incertitude fondamentale par rapport aux états intérieurs de l'autre.
00:27:54
Speaker
On pourrait dire que nous, on est des experts, des intervenants. La réalité, c'est qu'on ne sait jamais ce qui se passe dans la tête de l'eau. On peut avoir des hypothèses. On peut faire des suppositions. Mais justement, pour faire des gens d'intervention, tu viens me dire en disant « attends-nous ».
00:28:11
Speaker
puis on l'air bien énervé, puis elle est donc bien désagréable, la belle-mère, puis tout ça, on ne sait pas ce qui se passe dans son esprit. Si on arrête en disant « elle est désagréable », on vient de la canner dans une représentation très réductive, réductive, en tout cas rudimentaire, non?
00:28:43
Speaker
C'est très difficile de garder ça. Des fois, on peut avoir des très bonnes hypothèses, mais dans l'exemple que tu donnes, on ne peut pas faire cette intervention-là de recul.
00:28:53
Speaker
si tu dis « ah moi je sais comment qu'elle est la belle-mère, puis je sais comment qu'elle est la fille, oh j'ai déjà vu ça ». Là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là,
00:29:16
Speaker
C'est un autre choc, c'est une autre façon d'être déstabilisé, mais ça nous ouvre, nous ouvre vers une vraie écoute de l'autre, puis une curiosité puis un intérêt pour l'autre, parce que si je ne sais pas, je vais poser des questions. Je vais me mettre à écouter, ma posture d'écoute va changer. C'est un petit peu la touche. La question qui m'émergeait, c'est qu'on ne peut pas avoir tout été honnête.
00:29:38
Speaker
Puis c'est pas tellement qu'il y a le même bagage, qu'on est intervenant au niveau de la théorie. Donc, comment on fait à ce moment-là qu'on est venu, puis qu'on sait pas quoi, qu'est-ce qui se passe dans la tête de notre patiente, de notre cliente, de la famille. Comment on fait pour s'appuyer sur la théorie, mais si on ne veut pas tout à fait sur la théorie. Comment vous vivez, vous êtes des suprêmeurs, vous êtes des fondateurs, comment vous réagissez
00:30:03
Speaker
à des gens que vous voyez qu'ils n'ont pas tout le bagage théorique pour faire face à une situation. J'allais répondre à la supervision en

Collaboration et supervision en thérapie

00:30:11
Speaker
fait. Quand on parle Alexandre et moi, qu'on est passionnés de la posture, du corps, c'est que souvent dans les situations,
00:30:20
Speaker
C'est ces éléments-là qu'on va aller travailler avec les gens. Donc, on n'a pas besoin de tout savoir, les théories. Chacune des personnes a son approche théorique. Moi, évidemment, j'ai toujours respecté. Moi, je suis d'approche systémique à la base. J'ai toujours respecté les différentes approches, les différentes théories des gens.
00:30:39
Speaker
Donc, l'objectif, ce n'est pas d'en avoir juste une ou de tout savoir. C'est de savoir se développer, être en relation. La poste, pour moi, c'est fondamental. Après ça, on peut être intéressé par certains aspects puis théorique dans certaines branches. En fait, on va aller développer ce qui nous intéresse. Mais pour moi, ce n'est pas être dans un savoir.
00:31:02
Speaker
clinique continue et joyeux anniversaire, qu'il faut avoir un bagage théorique complètement rempli. Je pense qu'on prend ce qui nous intéresse et ce qui nous colle aussi, évidemment, comme intervenants. Tout à fait. Ce que je dis toujours pour répondre à ta question, c'est qu'il faut faire ce job-là en gang.
00:31:23
Speaker
On ne peut pas faire ça tout seul. C'est quasiment mortifère parce que tu ne pourras jamais survivre à ça. Le détervenant pourra l'avoir vu. Il arrive déprimé, désabusé, les patients, ils sentent bien que le psy ne va pas bien, puis ils quittent le TG, puis ils ne savent pas trop pourquoi. Parce que justement, ils sont isolés. Donc, la question que tu as posée, elle est tellement pertinente parce que ça nous touche tous. Au-delà de la théorie, on rencontre tout le temps des onolimites à Mendeleine.
00:31:51
Speaker
On ne va pas bien, on va moins bien. Moi, quand on a plus de difficultés, moi, la clé, c'est qu'on doit gêner dans le dispositif, parce qu'on parle du dispositif de soins et du cadre. On a parlé la dernière fois du cadre pour le patient, mais on a aussi évoqué l'idée que le cadre est pour le thérapeute. Dans son cadre à lui, il doit avoir sa gang, que ce soit des collègues, des superviseurs et tout ça, qu'on le voit en supervision.
00:32:13
Speaker
Moi, j'explore des gens de toutes les approches, pas nécessairement psychodynamiques, mais ce que je vois dans les dernières années, c'est que je vois à quel point je passe mon temps à corriger la posture. Donc, là, je fais le scématisme. Ah, là, je ne te dis pas de même, là, mais dis-en pour un coup de coure. Ah, j'ai l'impression que tu ne t'enlèves pas ton aide-pense fondamentale. Je me suis supervisé, il me regarde avec des gros yeux en ce temps-là. Là, encore une fois, il me dit, ben oui, hop, je suis tombé dans ça.
00:32:41
Speaker
Donc je corrige comme mon esthéopathe, t'sais, t'as mal à l'épaule à gauche, pis c'est ton entrain droit qui est pas bien placé, t'sais. Fait que c'est un peu la même chose au niveau psychique. Il faut qu'on fasse ça en gang, il faut aller en supervision, il faut se former, il faut s'exposer. La question c'est pas de savoir si on va rencontrer nos limites, qu'il nous manque la théorie, on va les rencontrer. C'est comment on va réagir face à ça. Ça pour moi, dans la posture face à la psychothérapie,
00:33:08
Speaker
C'est essentiel de faire ça. Pour avoir vu des personnes souffrir, des soignants souffrent, puis ils dépriment, puis finalement, ils retrouvent le plaisir de travailler parce qu'on a ajusté la posture. Moi, quand on avait abordé une fois la réunion, c'était un ordre d'affentive et de compassion. Exact.
00:33:27
Speaker
Il a été sorti, c'était assez simple, c'est de sortir de son emploi par l'échappement des ressources, des collègues, dans la vie personnelle et professionnelle, tout ce qui nous entoure, tellement utile. Comme ça, on n'arrive pas seul dans le bureau, on arrive avec tous ces gens-là, puis ça nous donne certainement un peu plus de force. C'est que ça m'a pensé l'anecdote, j'avais une jeune, une jeune, vraiment, une bonne, c'est déjà une bonne intervenante, puis elle me dit, « Comment que ça pourrait être aussi calme? »
00:33:53
Speaker
avec des patients, avec la clinique, tu sais, j'inquiète pas, j'ai dit que j'étais bien anxieux au début, tu sais, mais j'ai trouvé que la question était bonne. J'ai dit, en y réfléchissant, parce qu'elle posait beaucoup de bonnes questions, nous on s'est supervisé, nous formes aussi. Donc j'ai dit, écoute, je pense que c'est pourquoi je suis plus calme, c'est qu'au fond, je ne sais pas, tu n'es pas tout seul. Oui, je suis tout seul dans mon bureau, mais à l'intérieur de moi,
00:34:18
Speaker
J'ai toutes mes mentors, mes profs que j'ai rencontrés, j'ai toute ma gamme de patients. J'ai dit, sont vivants à l'intérieur de moi, ils le savent même à mes patients. Hey, vous savez, j'ai eu un patient qui m'a dit que de l'âge, protéger la confidentialité, mais j'ai un patient qui avait vécu telle et telle affaire plus à... J'ai un exemple, ça aide mon patient que j'ai devant moi.
00:34:36
Speaker
C'est ça que j'ai dit, en le fond, j'ai toute une gang avec moi, je ne suis pas vraiment seul, ils sont tous à l'intérieur de moi, mais je trouve que justement, c'est le fruit du privilège que j'ai eu de rencontrer tous ces patients-là, puis mes collègues, et justement que je continue de rencontrer puis de découvrir.
00:34:53
Speaker
Je veux juste ajouter la gagne, c'est aussi nos collègues de travail. François, chez Familiaux, on veut aussi un travail interdisciplinaire. Parfois, quand on fait face à la complexité dans un système de famille, par exemple, ça peut être aidant. Moi, je vois un ado qui est quelqu'un aussi en parallèle qui voit les parents.
00:35:10
Speaker
Puis le travail interdisciplinary dans le réseau de la santé, c'est la même chose. Ça nous aide à faire face à la complexité, donc à ne pas porter seul avec nos clientèles qui sont parfois un petit peu plus complexes, corsés, qui nous mènent à mal un petit peu plus relationnellement. Donc la gang, c'est nos mentors, c'est nos formateurs, c'est nos collègues de travail qui peuvent aussi soutenir les situations cliniques. C'est super intéressant, super riche. On a parlé d'un quatrième
00:35:37
Speaker
Oui, ça veut dire la posture par rapport à la thérapie en général, je peux peut-être glisser deux, trois mots puis on le change-dessus. Moi, ce que je vois surtout en psychologie, en psychothérapie, c'est qu'il y a beaucoup d'offices qui n'aiment pas faire l'évaluation. Ils veulent bypasser l'évaluation, soit que ça s'étire et que ça devient comme une psychothérapie non officielle encore. Moi-dessus, je ne dis pas que tout le monde va être d'accord avec ça, mais pour moi, la posture face à la psychothérapie, c'est qu'on ne peut pas faire une économie.
00:36:06
Speaker
de l'évaluation. Même si nous, comme soignants, on a hâte de faire de la thérapie, puis je comprends, parce que moi aussi j'ai bien hâte, mais je vois ça beaucoup. On ne peut pas faire l'économie de l'évaluation. Puis je donne juste un exemple. Encore une fois, c'est un patient. Il est un jeune ado. Il arrive à l'urgence. Puis il a 13-14 ans. Et puis il a une petite carte de l'accueil à l'urgence. Il est vite dedans que ça va pas bien, puis ça. Puis après dix minutes,
00:36:35
Speaker
Le pédopsychiatre dit... il commence à lui donner des conseils. Il commence à lui dire, qu'est-ce que vous pourriez faire? Près de 10-12 minutes d'entrevue. Et l'ado lui répond... J'étais pas là, c'est le psychiatre qui me l'a raconté. L'ado lui répond, « Hé, c'est pour mémé naturel, ça me fait 10 minutes que tu me connais, et tu commences à me dire comment faut gérer ma vie. » BOUM! Hein? Donc là, lui, je pense que j'ai confiance dans cet ado-là. J'ai été capable de répliquer comme ça.
00:37:04
Speaker
Puis, le pédocrate qui me racontait ça, évidemment, il a appris une leçon. On en apprend toujours des leçons. Je trouvais que ça, ça élue extrêmement bien la valeur de l'éval. Souvent, je vois des soignants pressés. Ils veulent tellement aider tout de suite, mais si on prend pas le temps de faire une éval,
00:37:21
Speaker
construire des hypothèses, proposer ça à notre patient, savoir qu'est-ce qu'il en pense, établir un objectif thérapeutique. C'est une thérapie de soutien on fait de l'éondialisme psychologique. Là, on fait juste, pas juste, mais on fait de soutien, mais il n'y aura pas vraiment de changement. Ou on vit une thérapie il va y avoir un objectif la personne veut changer des choses. Et pour ça, il faut faire une évaluation.
00:37:43
Speaker
Et pour moi, ça, c'est comme juste un des éléments, puis ça se poursuit dans le processus thérapeutique on va appliquer justement notre posture qu'on a parlé tantôt, d'écoute, de notre posture de tolérance à l'incertitude, tolérance à la puissance fondamentale, appuyer sur nos théories puis nos repères pour être empathiques. Je sais pas comment tu te voyais, là.
00:38:04
Speaker
Et moi, Alexandre, je suis obsédée du processus thérapeutique. Et les gens qui écoutent, qui me connaissent, savent comment je suis obsédée par le circuit de la demande et la demande. Et donc, oui, le circuit parce que, entre autres, quand j'ai beaucoup de travail dans les équipes internes, disciplinaires et les familles, d'où arrive la demande, je ne prends pas pour acquis une demande comme ça. Je vais la travailler, je vais voir d'où ça arrive. Est-ce que c'est l'école?
00:38:30
Speaker
Ils ne sont pas contents, on nous envoie un jeune, les parents ne savent pas trop. Donc, tout le circuit de la demande et la demande elle-même, la travailler, la construire avec les gens aussi, donc ne pas prendre les commandes ou les demandes pour acquis dès le départ. Donc, tout ça fait partie de l'évaluation. Et quand on fait bien ça, on s'économise tellement, tellement.
00:38:49
Speaker
beaucoup d'incertitude, parfois d'échec, parce que quand on bypasse ou on n'est pas sûr dans quoi on est, on n'est pas certain de notre évaluation, on risque de perdre du temps après ou de ne pas être dans la bonne. Enfin, on n'est pas dans la bonne, nécessairement. Donc, moi, je suis obsédée des vues.
00:39:08
Speaker
ce sera peut-être un fond futur podcast. Et je suis un officier des fins aussi, des fins. Évidemment, j'ai beaucoup appris de mon métier en pédopsychiatrie, mais également en soins palliatifs. Et de travailler les fins, c'est fondamental. Moi, en plus, perso, dans ma vie, j'ai bâché des fins dans mon milieu familial. On n'a pas appris à faire ça. J'ai appris ça à l'âge adulte. D'ailleurs,
00:39:33
Speaker
Le travail en soins palliatifs a beaucoup aidé parce que je ne pouvais plus éviter les fins, en fait, parce que mon travail, c'était de les accompagner, les fins. Donc, la fin, elle est super importante, même quand parfois nos clientèles, nos usagers, nos patients botchent des fins.
00:39:49
Speaker
Moi, je vais m'assurer que pour moi, elle n'est pas bâchée à la fin. Donc, ces processus-là, pour moi, sont très intéressants. C'est beau comment tu l'expliques. C'est touchant parce qu'on est comme, il y a des enjeux de fond par rapport aux processus thérapeutiques. J'avais sur le début, Marie-Josée, sur le travail à Thalande, puis la suscité à lui, des gens aussi qui ont de la pratique privée. Puis, si souvent, on a pas l'ensemble, un peu le rapport d'argent, le sentiment d'importance, donc les clients rient, ils paient.
00:40:26
Speaker
Alors que dans cette blague-là, lorsqu'on n'est pas en psychothérapie ou dans une intervention psychoféciale, par exemple, dans un autre type d'intervention, on est en train d'évaluer,
00:40:36
Speaker
Comment tu réagis face à ça? En fait, tu sais, quand on parlait en début de rencontre aujourd'hui sur la

Considérations pratiques et relationnelles

00:40:45
Speaker
posture, se connaître, mettre les limites, ne pas attendre la reconnaissance acceptée, de décevoir parfois, d'avoir une posture comme ça de porter nous-mêmes l'importance de l'évaluation de la demande. Déjà, on est dans une posture qui
00:40:46
Speaker
on est en train d'évaluer, on est en train d'évaluer, on est en train d'évaluer,
00:41:02
Speaker
ou on prend notre place face à l'autre. Donc, plus qu'on en est convaincu, plus qu'on va arriver à travailler ça. Quand je commence à me sentir gênée ou porter la pression, parce que c'est ça qui peut se passer, il y a un parent qui paye, il veut que ça aille bien rapidement parce qu'il est en souffrance maintenant. Et en plus, il y a la notion des sous-dedans, hein, en pratique privée. Donc, je te paye. Et ceci étant dit, c'est pas d'être riche, pas au ventre, t'as rien à voir avec ça. C'est vraiment un élément de la relation thérapeutique, de l'argent.
00:41:28
Speaker
Mais ça se peut qu'on se sente un peu un posteur. Mais évidemment, en supervision, moi, quand on parle de ça, là, je suis allée vite parce que là, il fallait, tu sais, le parent est en souffrance, par exemple, il faut qu'il aille vite. Puis après ça, je trouve qu'il n'y a pas d'affaires. Puis finalement, j'aurais aimé ça de travailler plus avec le parent qu'avec l'enfant. C'était peut-être pas si pertinent. Quand je vais trop vite, je ne suis pas contente.
00:41:53
Speaker
Souvent, la personne va présenter dans la supervision, mais ça fait déjà un petit bout de temps. Le début de la demande, elle est déjà passée. Donc, souvent, ce que je vais faire, c'est que je vais travailler sur le sentiment d'imposture, prendre sa place face à l'autre. Donc, c'est la confiance de ce qu'on fait, de prendre son temps. Donc, il y a un aspect vraiment de confiance à travailler et ça va être d'aller retravailler la demande.
00:42:17
Speaker
de se sentir à l'aise, de le faire aussi. Donc, c'est ce que je vais travailler avec les intervenants de supervision. Retravaille ta demande. Fais un mieux coup de bain. Tu as le droit de faire ça. Tu as le droit de dire, hey, mais ça ne marche pas notre affaire. Ça semble qu'il y a quelque chose qui est insatisfaisant pour vous, pour votre enfant, pour moi. On revient à l'arrière. On va retravailler des choses. On retravaille la demande.
00:42:42
Speaker
C'est tellement important parce que ça ouvre, dans le fond, je ne sais pas si ça va être encore avec moi, ça ouvre vers l'affaire la plus essentielle qui est la posture d'accompagnement du patient, c'est-dire la posture du thérapeute envers le patient. Donc la posture d'accompagnement, je trouve que moi je la résumerai comme ça, c'est-dire ni en avant du patient, ni en arrière. Puis quand j'ai entendu parler, quand je t'ai donné une information,
00:43:08
Speaker
Quand j'ai une information que j'apprends au tac et que j'ai entendu les gens en soins palliatifs, j'ai écouté parler de leur posture face au mourant. Je me suis dit mon Dieu, j'ai plus de points communs avec eux dans ma posture qu'avec certains d'autres psychologues.
00:43:24
Speaker
parce qu'ils sont dans une posture d'accompagnement. Et accompagner, c'est justement... Tu sais, on peut... On prédit que tout ce qu'on a dit tantôt, c'est pour en arriver dans le processus thérapeutique quel qu'il soit, d'avoir cette posture-là, d'être à côté du patient, d'être au sujet du patient. On fait du sur mesure, on est comme des couturiers. Sur mesure, on ne fait pas un one size fits for all. Puis il y a comme cet accompagnement-là dans l'écoute, je trouve que c'est un peu...
00:43:52
Speaker
on va dire ça comme ça, l'aboutissement du processus de psychothérapie. Oui. Puis être à côté, ça veut dire, des fois on a marché trop vite, on va ralentir... Oui, c'est ça. L'idée de la marge, aller trop vite, trop proche, trop loin, effectivement. Oui. Moi, j'ai toujours ces images-là d'être à côté, puis hop, là, je suis à côté, je tire dessus, là. Exact. Je tire, ça ne fonctionne pas. Je tire sur la plante pour qu'elle pousse plus vite. Sur la plante, ça ne pourra pas marcher. Je peux juste être un tuteur,
00:44:21
Speaker
En psychothérapie, en relation d'aide, on fait de l'agriculture, de l'agriculture saine, tu espères qu'il va faire beau. Il y a un petit peu de cyanose qu'elle peut savoir faire et que ça évolue, que ça évolue à travers le temps. Des fois, il y a peut-être un petit peu de vacheur qui est capable de le mettre un peu plus fort. Je trouve ça super intéressant.
00:44:43
Speaker
La discussion qu'on a eue aujourd'hui, parce que moi j'ai appris beaucoup de choses, ça m'a fait évoluer, et c'est sûr que tout le monde a été un témoin, je pense que ça va résonner à plus d'un niveau. On a adressé plusieurs éléments, j'ai ri sur quelque chose qu'on a vu au début, pour moi qui était vraiment en fond, qui est la relation de le coeur et la tête.
00:45:00
Speaker
C'est cette relation-là entre les deux, elle est centrale dans beaucoup de choses que vous avez dit, parce qu'il y a une théorie qui est là, donc nous nous en parlons un peu plus à la tête, mais en même temps, il faut être capable de savoir qu'est-ce que ça fait résonner chez nous, et savoir qu'on n'est pas seul, être capable d'aller chercher les autres lorsqu'on en a besoin, pour être capable de sentir qu'on a tout élu qui est derrière, et nous, être capable de nous livrer aussi à

Conclusion et remerciements

00:45:21
Speaker
travers ça.
00:45:21
Speaker
Est-ce que vous aviez un mot d'affaire à partager à nous, à toute sœur? Oui. Je trouvais ça beau, qu'est-ce que... Oui, j'ai tout rappé ça. Écoutez, merci d'avoir été là, merci Alexandre, merci Marie-Josée, c'est toujours un plaisir d'être avec vous.
00:45:36
Speaker
Vous qui nous écoutez, si vous aimez, vous avez des thèmes que vous aimeriez aborder, que vous disiez, ah oui, on peut parler de ça, mais j'aimerais ça qu'on ait un peu plus loin à rapport à certaines idées abordées ou des nouvelles idées. On est toujours à l'écoute. Vous allez savoir comment vous trouvez. Ça, c'est parfait. Donc, merci beaucoup et il me plaisait de se remerder. Au revoir.